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Le blog

Chroniques de Zhanjiang 09

Une toupie chinoise, couleur jaune banane

Deux mois après avoir reçu ma première toupie fabriquée par l’oncle Souzai, de l’eau a coulé sous les ponts. En faisant des recherches sur Baidu, le moteur de recherche chinois, j’ai fini par dénicher des fabricants de toupies chinoises. Il suffisait d’employer le terme de recherche approprié ; en l’occurrence le mot « tuoluo » qui désigne la toupie chinoise (en chinois), plutôt que la traduction proposée par les traducteurs en ligne lorsqu’on saisi « toupie » ou « spinning top » (en anglais).

Bref, une fois trouvée la boutique, il n’y avait plus qu’à sélectionner le produit, avec l’aide d’un outil de traduction, et passer la commande (avec l’aide de ma femme). Un opération un peu compliquée car les sites chinois de vente en ligne ne permettent pas de payer directement avec sa carte de crédit (a fortiori lorsque celle-ci est une Visa ou une Mastercard). Il faut soit aller payer à la banque, soit disposer d’une carte de crédit chinoise et d’un token qui fournira un code d’identification. A défaut de disposer d’un token, nous avons opté pour la première solution et une semaine plus tard, je recevais deux nouvelles toupies de 12cm de diamètre, en bois de Jujube, que je me suis empressé d’aller tester et montrer aux joueurs de toupie du parc. Le spécialiste a pointé du doigt la tête de la toupie et m’a fait comprendre que ce n’était pas de la bonne qualité, et que d’ici un an ou deux il faudrait changer de toupie.

Tête amovible ou tête fixe ?

Sur le moment, je n’ai pas compris grand-chose. Mais à force de faire des recherches dans les boutiques spécialisées, j’ai compris qu’il y avait différents types de têtes : celles (comme les miennes) composées d’une simple bille d’acier, entrée de force dans un logement prévu à cet effet, et celles, plus sophistiques, composées d’un petit cylindre en acier, comprenant la bille et son système de roulement (à billes). Ce dernier étant amovible, on peut remplacer la tête de la toupie en cas d’usure.

En dépit des critiques, ces nouvelles toupies se sont révélées à l’usage meilleures que celle de l’oncle Souzai car mieux équilibrées, et après quelques séances de pratique, j’ai trouvé celle qui me convenait le mieux, la plus lourde, celle qui pesait pas loin de 2kg.

Mais déjà ; après un mois à peine de pratique quotidienne, j’ai commencé à lorgner sur le modèle au-dessus : une grosse toupie de 14cm de diamètre ! C’est le moment que l’oncle Souzai a choisi pour nous appeler. Il avait récupéré, Dieu sait où, une belle pièce de bois et se trouvait déjà sans doute devant un tour à bois de l’usine ; il nous appelait pour connaître les cotes de la toupie n°2. A l’aide d’un mètre-ruban, j’ai mesuré les dimensions de l’une des toupies que j’avais achetées et mon épouse les a transmises à l’oncle.

La toupie n°2

Le lendemain, Souzai nous rappelait pour nous annoncer que la nouvelle toupie était prête. Il se proposait même de passer dans la soirée à notre appartement. Proposition que nous avons poliment déclinée et nous avons convenu de passer le voir le dimanche suivant, après le diner.

La nouvelle toupie est jaune banane, c’est, paraît-il, du bois de Jacquier, un arbre qui produit d’énormes fruits que l’on débite en tranches dans les quartiers populaires de Zhanjiang. Elle est dotée d’une tête amovible, et Souzai m’a fourni quelques têtes de rechange, ainsi que l’outil qui permet de les remplacer. Elle me paraît bien équilibrée, ni trop haute, ni trop large ; mais pour confirmer cette impression, il faut naturellement l’essayer.

Dès le jour suivant, je retourne au parc avec ma nouvelle toupie, et là, déception ; la toupie n°2 s’avère difficile à lancer. Elle a le « cul » trop lourd et arrondi et ne demande qu’à se coucher ; de plus, sa tête, trop petite, n’accroche pas bien le sol. Moi qui comptait rappeler l’oncle le soir même pour lui annoncer que sa nouvelle toupie était parfaite, je remets mon verdict à plus tard. En effet, chaque toupie a ses particularités et je ne suis pas encore assez expert pour juger de la qualité en trois coups de fouet.

J’ai bien fait car le lendemain les essais sont beaucoup plus concluants ; c’est une question de technique et d’équilibre entre le bras droit qui lance la toupie et le gauche qui tire sur le fouet pour donner le mouvement de rotation. Bref, après quelques lancers plus ou moins réussis, la toupie démarre, parfaitement stable. Ce soir, je pourrai donc appeler l’oncle Souzai.