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Le blog

Chronique de Zhanjiang 21

Les joueurs de toupie chinoise de Wuhan

Deux mois après un premier voyage dans la province de Henan, à la découverte des joueurs de toupie chinoises, j’ai décidé de poursuivre ma quête. Mais cette fois je repars en solo ; destination Wuhan, la capitale de la province de Hubei. En effet, à force de recherches sur le Web, j’ai découvert qu’on y pratiquait aussi la toupie. J’ai même déniché quelques adresses où, avec un peu chance, je pourrai rencontrer des joueurs. Mais rien n’est moins sûr ; les articles mentionnant ces lieux datant de quelques années, il n’est pas dit qu’ils sont toujours fréquentés. A moins qu’ils n’aient été tout simplement rayés de la carte pour laisser la place à un gros projet immobilier, comme c’est souvent le cas dans les grandes villes chinoises.

Zhanjiang-Wuhan, c’est vingt heures de train ; départ à 7 heures du soir, arrivée le lendemain vers quatre heures de l’après-midi. (C’est long, mais finalement plus agréable qu’un Paris-Avignon, dans un TGV bondé.) Et c’est ainsi que je débarque à la gare centrale de cette ville de 10 millions d’habitants, sans ma guide et traductrice préférée. Heureusement, dans toutes les grandes gares chinoises, on trouve quelques indications en anglais qui permettent de se repérer, et la station de taxis fait partie de celles-ci. Ensuite, il suffit de montrer au chauffeur l’adresse de l’hôtel (Jishasha City Hotel Wuhan – 28 Dazhi Road) qu’on aura pris soin d’imprimer avant le départ, et le tour est joué. En principe, tout du moins, car mon chauffeur n’est pas très vif et il doit demander des explications au responsable de la station de taxi. Il ne prend pas non plus le chemin le plus court, mais disons que c’est pour éviter les bouchons. Bref, une demi-heure plus tard, il me dépose devant l’hôtel dont il me montre la grande enseigne et me demande 40 Yuans (6 euros), le prix indiqué au compteur.

Parfait. Sauf que je n’arrive pas à trouver l’entrée. Ça paraît stupide, mais je parcours deux fois la longueur de l’immeuble sans y trouver quoi que ce soit qui ressemble à l’entrée d’un hôtel. Finalement, je me renseigne dans une échoppe voisine et le commerçant m’accompagne jusqu’à l’entrée de hôtel cachée au fond d’une sorte de coffee-shop qui vend des jus de fruits : un comptoir de réception, un ascenseur et c’est tout.

Jishasha Hotel

Je redoute le pire. Qui se confirme lorsque la responsable m’accompagne dans les étages et me montre la chambre. Une chambre tout confort mais doté d’un minuscule fenêtre grillagée qui donne sur l’arrière de l’hôtel, les conduits d’aération et les escaliers de secours. Quand on parle chinois, on explique calmement que la chambre ne nous convient pas et qu’on souhaiterai avoir une chambre côté rue, équipée d’une véritable fenêtre qui s’ouvre. Quand on annone le chinois comme moi, on ne fait pas dans le détail. On déclare en chinois que « chambre pas OK » et qu’on veut changer de chambre. On hausse le ton plus que nécessaire et on menace (en anglais) de repartir illico. Mais finalement la responsable me demande de patienter et revient quelques minutes plus tard avec la clé d’une autre chambre. Je la suis à l’étage supérieur pour découvrir une chambre dotée d’une véritable fenêtre, et même si celle-ci ne s’ouvre pas complétement, je décide d’y poser mes bagages avant de partir à la découverte du quartier.

Tianjin Road

A première vue, le quartier n’est pas très excitant, on y trouve essentiellement des boutiques de mobiles Oppo, Xiaomi, Samsung… et mêmes quelques revendeurs Apple (autorisés). Mais pas le moindre restaurant hormis un KFC dont l’enseigne me fait de l’œil de l’autre côté de l’avenue. Mauvaise impression donc qui me fait penser que j’ai fais une erreur de casting. Comme on ne peut pas tout avoir à la fois, je poursuis mon chemin vers le square tout proche – Tianjin road Green Plaza, Kat Hing Street –  qui d’après mes informations accueillent des joueurs de toupies. Je ne me suis pas trompé ; à 300 mètres de l’endroit, je commence à percevoir le claquement caractéristique du fouet. Mais surprise, en m’approchant je constate que ce ne sont pas des joueurs de toupies mais des gens qui pratiquent le fouet ; les joueurs de toupies sont un peu plus loin et comme je le découvre quelques instants plus tard, eux n’utilisent pas le fouet mais des bâtons d’un mètre cinquante ou plus, dotés d’une lanière de la même longueur, et qui fait le même bruit que le fouet.


Moi qui arrive avec mon fouet et ma toupie de 3 livres, je fais touriste. Doublement touriste, car on ne me prendra jamais pour un asiatique ! Mais les joueurs du square s’en fichent et ils sont aussi curieux ; il suffit de leur montrer ce qu’on sait faire pour être accepté pas cette petite communauté. Cinq minute plus tard, je me retrouve donc avec un de ces bâtons entre les mains et j’essaye de faire bonne figure. Las, comme j’ai toujours préféré le fouet au bâton, ma prestation n’est pas à la hauteur ; mais je viens de découvrir une autre manière de pratiquer la toupie qui mérite d’être approfondie.

Après une petite séance d’entrainement d’une demi-heure, nous faisons un break et commençons à discuter. Enfin, on essaie. Depuis l’arrivée à l’hôtel, je n’ai pas fais de progrès fulgurants en Chinois et j’essaye tant bien que mal de comprendre ce qu’on me dit. Je pose quelques questions (qui sont comprises) et j’apprends ainsi que pas très loin d’ici, il y a Pintiang Park, un grand parc où se réunissent de nombreux joueurs de toupies. Je leur fais répéter dix fois le nom afin d’être sur d’avoir bien compris et je les quitte pour aller dîner.