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Le blog

Chronique de Zhanjiang 24

Retour à Kaifeng

Deux mois après notre première visite, me voilà de retour à Kaifeng. Rien n’a changé, hormis la température qui a chuté de quinze degrés ; à 7 heures du matin il fait à peine 13°, un peu froid pour déambuler en tee-shirt et en sandales. J’enfile un pull et prends la direction du Tu Le Hotel dont j’ai repéré l’emplacement sur la carte. A pied, car j’ignore quel bus dessert cette partie de la ville et comme c’est à deux kilomètres à peine, ce sera un excellent moyen de me réchauffer.

Dans la rue, les habitants ont déjà sorti les tenues d’hiver, doudounes, bonnet et pantalons moletonnés et me regardent d’un air curieux lorsque ils me croisent en bermuda et en sandales. Après vingt minute de marche, j’arrive aux abords de l’hôtel ; là, il faut tourner à droite, puis à gauche dans une ruelle, prendre une nouvelle fois à droite et s’engager dans la pemière ruelle sur la gauche. Dans cinq minutes je serai à destination en train de boire une tasse de thé fumant !

Ça, c’est le scenario idéal tiré de la lecture du plan. En pratique, ce sera un petit plus compliqué. Après avoir arpenté la ruelle dans les deux sens et fait de même avec les ruelles voisines, impossible de trouver l’hôtel. J’ai pourtant l’adresse, le nom de la rue et le numéro mais rien à faire. Je pose mes bagages contre un mur, sort le Mac de mon sac pour y trouver l’adresse en chinois que je pourrai montrer à un habitant du quartier. Je transfère l’info sur l’iPad, range le Mac, reprends mes bagages et me voilà reparti.

« Tu connais cet endroit? ». La première personne à qui je montre l’adresse chinoise sur l’iPad me répond « Bien sûr, c’est à côté ! ». Elle me fait signe de la suivre et m’accompagne dans la ruelle voisine que j’ai déjà arpentée deux fois. Elle s’engage dans un étroit passage et je me retrouve face à face avec mon hôte qui m’attend et m’accueille avec un grand sourire. Ça y est, je suis enfin arrivé.

Pas vraiment. Elle m’offre la tasse de thé dont je rêve depuis ma descente du train et m’annonce dans un mauvais anglais qu’elle n’a pas le droit de recevoir des étrangers ! Elle poursuit dans un mélange de chinois et d’anglais et m’explique qu’elle va essayer de m’aider à trouver un autre hôtel. Finalement, elle compose un numéro sur son portable et me passe son correspondant qui parle anglais. Je ne sais pas s’il s’agit de son mari, du service clients de Ctrip ou d’un fonctionnaire du bureau de tourisme de la ville ; toujours est-il que je lui explique sans détour ma façon de penser. Il encaisse sans broncher et me propose d’aller à l’Auberge de Jeunesse Internationale de Kaifeng ; je lui réponds que j’ai passé l’âge de dormir dans un dortoire et la conversation se poursuit ainsi pendant un quart d’heure durant lequel le portable fait des allers-retours entre moi et mon hôte. Mais la discussion n’aura pas été vaine ; l’Auberge de Jeunesse Internationale de Kaifeng propose aussi des chambres individuelles dont plusieurs sont disponibles. La réservation est faite et on m’y attend.

J’ai à peine touché à ma tasse de thé que nous voilà repartis ; mon hôte a sorti son vélo, on y fixe mon sac à dos et nous reprenons le chemin du centre-ville. Dix minutes de balade qui nous amènent au International Youth Hostel de Kaifeng et son réceptionniste qui nous attend devant l’entrée. C’est un petit homme au crâne dégarni avec des yeux de fouine qui serait idéal pour incarner le traître dans un film américain de série B. Mais faute d’avoir été repéré par les gens d’Hollywood, il officie au Kaifeng International Youth Hostel.

Kaifeng International Youth Hostel

Que dire du Kaifeng International Youth Hostel ? Avec le mobilier rustique de son hall d’accueil, sa cour intérieure dans laquelle il doit faire bon prendre un verre en été, l’Auberge de Jeunesse internationale de Kaifeng dégage une atmosphère chaleureuse, et c’est sans doute l’endroit parfait pour un groupe de jeunes chinois venu passer le weekend à Kaifeng. Pour moi, c’est un pis-aller acceptable, d’autant plus que j’ai réussi à obtenir une chambre avec une véritable fenêtre !

Mais en cette fin octobre, l’endroit est désert et manque singulièrement d’âme ; de plus, le responsable de l’accueil me tape sur le système. Il ne parle pas un mot d’anglais et s’osbtine à vouloir utiliser l’assistant vocal de son smartphone. J’ai à peine esquissé une question en chinois qu’il me colle son portable devant la bouche en me disant « speak ». Dans ces conditions, je ne « speake » pas et j’essaie de me controler pour ne pas devenir désagréable. D’ailleurs son système ne fonctionne pas. Il fait encore deux tentatives, puis renonce. Je ne sais pas si c’est par respect envers un étranger qui fait tous son possible pour parler chinois, ou bien parce que son assistant vocal n’est vraiment pas au point, toujours est-il qui range son mobile et ébauche dans sa langue une réponse à ma première question : où trouver un restaurant pour déjeuner ? Question simple, réponse simple ; il grifonne sur un bout de papier l’adresse d’un restaurant et m’ndique comment y aller.

Le Huáng Jiā Lǎo Diàn

A voir la foule qui se presse à l’entrée du restaurant, le Huáng Jiā Lǎo Diàn fait sans doute partie des insitutions de Kaifeng et doit être référencé dans tous les guides touristiques de la région. Ce dimanche, à midi et demi, il affiche complet et je n’ai pas la patience d’attendre qu’une table se libère. Je vais manger dans une boutique de nouilles qui jouxte l’établissement mais je retenterai ma chance ce soir. Effectivement, ce même dimanche soir, les touristes du weekend ont déjà pris le chemin du retour et j’y trouve une table libre sans difficulté. Sous le regard goguenard d’une armée de serveuses en uniforme bleu qui se concertent pour savoir laquelle va s’occuper de la table du « wai guo ren » (l’étranger).

Le Huáng Jiā Lǎo Diàn restaurant
Le Huáng Jiā Lǎo Diàn restaurant

 

Un panier de Baozi au Huáng Jiā Lǎo Diàn restaurant
Un panier de Baozi au Huáng Jiā Lǎo Diàn restaurant

Finalement, ce n’est pas la plus jolie mais la plus dégourdie qui s’y colle. Elle m’apporte un menu, sans photos, et attends patienement que j’ai fait mon choix. Je lui demande si elle a des raviolis chinois (jiaozi) ; elle pouffe en se tournant vers ses collègues. Comme ce n’est pas le genre d’endroits où on peut s’asseoir à une table et demander « nio lo mi fan » (du bœuf avec un bol de riz), je me creuse la cervelle pour me remémorer le nom chinois des plats que nous commandons habituellement quand nous allons au restaurant.

« Tu as des nouilles sautées ? ». Meyo (non, j’en ai pas). Du riz sauté ? Non plus. Du porc émincé avec des champignons ? Oui, j’ai. Un bol de riz ? Non. Qu’est-ce que tu me proposes ? La serveuse me montre le menu et le mot « baozi », le seul qui figure en latin dans ce menu chinois. Je lui demande ce que c’est ; elle me montre les tables voisines sur lesquelles s’empilent les paniers en bambous contenant les baozi cuits à la vapeur. J’ai enfin compris ; il s’agit de la spécialité de la maison : une sorte de raviolis chinois renfermant une boulette de viande cuite dans son jus. J’en commande un panier avec mon porc aux champignons. Je suis tout seul ; j’ai commandé à manger pour deux mais je n’ai pas le choix, dans les restaurants chinois c’est comme ça, et je sais que de toute manière la note ne sera pas trop salée. Effectivement, quand vient le moment de payer on m’apporte une addition de 62 Yuans, soit environ 9 €.