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Le blog

Chronique de Zhanjiang 26

Retour à Hankou Riverside Park

Le lendemain de ma promenade à Zhongshan Park, je suis sur le pied de guerre dès six heures du matin pour aller à la rencontre des joueurs de toupies de Hankou Riverside Park. C’est un parc que j’ai arpenté à deux reprises, et en vain, lors de mon précédent voyage à Wuhan mais à présent que je connais mieux les habitudes des joueurs de toupies, je repars plus confiant et je pense avoir une chance d’en rencontrer quelques uns sans avoir à parcourir les trois kilomètres de ce parc qui s’étend le long du fleuve.

Ce matin, il fait un froid mordant lorsque je sors de l’hôtel et prend le chemin de Hankou Riverside Park. Vingt minutes plus tard, j’arrive à l’entrée du parc et commence à parcourir la promenade principale qui surplombe une esplanade située au niveau du fleuve. Là, alternent massifs d’arbres et aires de jeux ; ces derniers étant dallés, ce sont autant d’endroits propices à la pratique de la toupie chinoise que je scrute attentivement. Et cette fois, mes efforts sont récompensés, après avoir parcouru un kilomètre, je commence à entendre le claquement des bâtons et je découvre simultanément un groupe de joueurs qui s’exercent en contrebas de la promenade.

Plan du parc

Une toupie de 15 kgs

Le temps de m’approcher, j’arrive juste à temps pour voir un joueur remballer une toupie de 15 kgs ; je le reconnais, c’est un joueur qui pratique le fouet dans le square situé à côté de l’hôtel et que j’ai déjà rencontré à plusieurs reprises. Il m’a sans doute dit qu’il venait ici le matin pour s’entrainer à la toupie mais c’est une information que je n’ai pas comprise. Toujours est-il que cela simplifie les présentations ; pendant que je déballe mon matériel il explique aux autres que je suis « le Français » qui vient à Wuhan pour pratiquer la toupie chinoise, que mon épouse est chinoise et que nous habitons Zhanjiang.

Je constate rapidement qu’ici le profil des joueurs est différent de ceux de Zhongshan Park ; pas forcément plus jeunes mais plus sportifs. Ici on joue sur des toupies de 8 à 15 kgs avec des bâtons de 1,5 mètres ou 1,8 mètres et mon « petit » bâton d’un mètre trente semble un peu déplacé. Mais peu importe, je viens de me trouver un « coach » qui me fait une démonstration fulgurante et m’explique ensuite le maniement du bâton. Il ne parle pas un mot d’anglais, il n’a pas l’air tout jeune mais il pète la forme. Comme il me l’avouera plus tard, il a 66 ans.

Mon coach
Mon coach

Les joueuses de toupies

Après cette première leçon mémorable, je fais une pause et pars faire des photos sur le terrain de jeux ; il fait un temps superbe, froid et sec, avec un ciel dégagé et le soleil qui se lève de l’autre côté du fleuve ; des conditions idéales pour faire de beaux clichés. Je ne peux pas louper cette occasion et je rejoins l’autre côté de l’esplanade où un groupe de joueurs s’est installé ; pas par rivalité ou incompatibilité d’humeur mais pour des raisons pratiques : c’est là qu’il y a d’autres bancs où l’on peut poser son sac et son matériel. Parmi ces joueurs, je remarque la présence de deux femmes ; le fait est suffisamment rare pour être noté, d’autant plus qu’elles manient le bâton avec dextérité. Elles ne se font pas prier pour me faire une démonstration, chacune à leur tour, et je mitraille la scène pour ne pas en perdre un instant. Elles jouent avec un plaisir évident, un sourire jusqu’aux oreilles et une fluidité dans le mouvement qui m’impressionne. Il me faudra sans doute des années pour atteindre cette perfection !

Une joueuse de toupie à Hankou Riverside Park
Une joueuse de toupie à Hankou Riverside Park

Un nouveau bâton

Entre temps, mon « coach » m’a rejoint et m’explique qu’il me faut un bâton comme ça ; pas un bâton d’un mètre quatre-vingt mais un d’un mètre cinquante. Il appelle un de ses collègues qui semble fournir la plupart des joueurs de la place et joue les entremetteurs ; il ne parle pas plus anglais qu’il y a une heure mais fait une traduction chinois-chinois à grand renfort de gestes et de mimiques. J’ai compris ; demain son collègue apportera le bâton qui me convient. A quel prix ? Je l’ignore. Mais comme j’ai déjà passé de longues heures sur le Web chinois à chercher du matériel, je commence à avoir une idée assez précise du coût de ces différents équipements. Je sais que je vais sans doute payer un peu plu cher qu’un autochtone, parce que je suis français et que « j’ai les moyens » mais il n’y a pas d’arnaque dans l’air. Ici, on n’est ni au marché aux puces de Beijing, ni chez les vendeurs de jade de Guangzhou.

Un photographe

Le lendemain vers 7 heures, je suis de retour à Hankou Riverside Park où je retrouve les habitués. Mon coach n’est pas encore arrivé, pas plus que l’homme qui doit m’apporter le bâton mais je reprends l’entrainement en essayant de me remémorer les mouvements de la veille. Je ne suis pas encore au top mais je sens que ça vient : le placement par rapport à la toupie, la prise du bâton à deux mains. En fait, c’est un peu comme au golf, un sport que je n’ai jamais pratiqué mais dont j’ai vu suffisamment de reportages pour me faire une idée. Il y a tout de même une grosse différence ; au golf on frappe une seule fois et on suit la trajectoire de la balle en espérant qu’elle partira dans la bonne direction ; avec la toupie chinoise, il faut enchaîner les coups dans un mouvement circulaire pour maintenir la toupie en rotation. Et là, ça devient tout de suite plus compliqué.

Mon coach arrive enfin ; je fais un break pour sortir mon appareil photo et lui confie en lui demandant de faire quelques photos ; autant pour vérifier ma posture que pour montrer à mon épouse restée à Zhanjiang. J’ai mis le reflex en mode automatique et en pratique il suffit d’ajuster le cadrage et de presser le déclencheur ; ce que je lui explique par geste car mon vocabulaire chinois dans ce domaine est plutôt limité.

C’est à ce moment que débarque sur l’esplanade un photographe ; un homme pas tout jeune, avec une dégaine de baroudeur, une veste en treillis, un sac photo en bandoulière et un réflex équipé d’un gros télé-objectif à la main. De loin, je le prends pour un photographe professionnel qui travaille sans doute pour un des journaux de Wuhan. Mais un doute me saisit lorsque mon coach lui tends mon appareil et lui demande prendre quelques photos ; l’homme a du mal a se débrouiller et préfère utiliser son boitier. Peu importe, il prend une série de photos et je lui demande de me les envoyer sur mon adresse QQ (l’équivalent chinois de MSN ou Facebook). Nous échangeons nos numéros QQ et il écrit son nom sur un bout de papier

Débriefing avec mon coach
Débriefing avec mon coach (Photo Yang San)