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Le blog

Chronique de Zhanjiang 37

Claquements de fouets à Bei Qiao Park

Aujourd’hui, lorsqu’on débarque à Bei Qiao Gong Yuan vers les quatre heures de l’après-midi, on entend résonner les claquements de fouets depuis l’entrée du parc. Mais ce ne sont pas des joueurs de toupies, comme ceux que j’avais rencontré lors d’une ballade, un an et demi plus tôt. Aujourd’hui, mes amis Dédé et Riton, mes professeurs de toupie de la première heure, ont progressivement abandonné la toupie chinoise pour se consacrer à la pratique du fouet, et le weekend, ils sont une demi-douzaine à faire claquer leur fouet à l’ombre des banians. C’est l’occasion de revenir sur cette discipline de remise en forme que j’avais évoquée dans un vieux billet mais dont je n’avais pas beaucoup parlée, faute de l’avoir essayée.
Pour dire les choses comme elles sont, à l’époque où je faisais mes débuts de joueur de toupie, avec ma petite toupie de 1kg, je ne voyais pas l’intérêt de faire claquer un fouet de 3 mètres de long puis de faire une pause de vingt minute avant de le faire claquer à nouveau. D’autant plus qu’en m’exerçant à la toupie, j’avais pris un mauvais coup de fouet à l’œil gauche qui m’avait laissé à moitié aveugle durant une semaine ! Mais après mes rencontres avec les joueurs de Zhengzhou, Kaifeng et Wuhan, j’ai finis par comprendre que la pratique du fouet était indissociable de celle de la toupie. A force de voir Dédé et Riton manier le fouet, j’avais aussi compris le mouvement de base. Restait à sauter le pas et j’ai profité d’un nouvel entraînement à Wuhan pour demander à Master Nanjing, mon professeur de toupie, de m’expliquer les rudiments.

Un article dans le Zhanjiang Daily News

Il faut dire aussi, que l’article publié par le journaliste Chen Guang Quan, dans le Zhanjiang Daily News et repris par l’agence de presse Yinsha, m’a incité à creuser un peu cette discipline. En effet, après traduction par mon épouse, j’y ai appris non seulement que depuis un an je fréquentais, sans le savoir, Master Zhou Ting Chen, un professeur d’arts martiaux, spécialiste du fouet, mais aussi que les joueurs de Bei Qiao Park, que j’avais surnommés Dédé et Riton, étaient deux frères et s’appelaient en réalité Wang De et Wang Ze. Rien de mieux pour briser la glace et resserrer les liens avec mes professeurs qui se sont trouvés un peu dépassés lorsque qu’après mon premier voyage à Wuhan, j’ai rapporté un bâton d’un mètre cinquante et commencé à jouer avec une toupie de 4 kg.

Wang De en train de s’entraîner à Bei Qiao Park. (Photo DR)
Wang Ze en train de s’entraîner à Bei Qiao Park. (Photo DR)

Bref, de retour de mon dernier entraînement à Wuhan, j’ai demandé à Wang De de me (re) montrer les mouvements de base, ce qu’il a fait avec un plaisir évident, et j’ai enfin mis le pied à l’étrier. Contrairement à ce que j’imaginais, la pratique du fouet est très physique, du moins quand on utilise un fouet d’un kilo cinq et qu’on ne se contente pas de donner deux coups de fouet avant d’aller fumer sa clope.

Mais le véritable déclic, je l’ai eu en observant You Yong, un autre joueur de fouet qui ne vient que les weekends, avec son épouse Xie Yin, et dont j’ai appris le nom dans l’article du Zhanjiang Daily News. Lui m’a montré le geste dans sa perfection et j’ai alors compris qu’il fallait accompagner le mouvement de tout le corps, et surtout suivre le fouet des yeux. Principe que j’ai mis en application dès le lendemain mais qui ne m’a empêché de prendre un mauvais coup de fouet en voulant imiter Wang De qui exécutait une figure que je connaissais pas.

You Yong en plein exercice dans le Parc de Beiqiao
You Yong en plein exercice dans le Parc de Beiqiao

Fouet de remise en forme

Ceux qui n’ont jamais vu quelqu’un pratiquer le fouet, se demanderont sans doute de quoi je parle et cela mérite quelques explications. En effet, en France, hormis les dompteurs et les dresseurs de chevaux de cirque, les joueurs de fouet ne courent pas les rues.
En Chine, on pratique le fouet essentiellement dans les provinces où on joue à la toupie. C’est-à-dire, un peu partout, sauf dans la province de Guangdong ! Zhanjiang faisant figure d’exception qui confirme la règle. Il s’agit, grossièrement, de faire claquer un fouet de différentes manières : bras droit, bras gauche, en avant, en arrière… Mais ça ne se résume pas à ça, il existe des enchaînements de mouvements codifiés qui se rapprochent des pratiques du Tai-chi et du Kung-fu (chaque Maître a ses propres enchaînements) mais aussi différents types de fouets. Des fouets en nylon et des fouets chaîne dont la longueur varie entre 3 et 6 mètres et le poids entre 1,5 kg et 4 kg. De plus, aux dires des médecins chinois (dont ma belle-mère fait partie), la pratique du fouet est bénéfique pour soigner les problèmes de circulations, d’articulations et pour la santé en général.
Il n’en fallait pas plus pour me convaincre : depuis ma première véritable leçon avec Wang De, je continue donc mon entraînement de toupie quotidien, avec ma nouvelle toupie de 6 kg, mais je consacre aussi une demi-heure à la pratique du fouet, sous le regard attentif de mon ami chinois.