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Le blog

Chronique de Zhanjiang 42

Un weekend à Cheng Yang

Au printemps dernier, en préparant mon voyage à GuiYiang (voir ce billet), j’avais découvert qu’il existait dans la région de nombreuses minorités éthniques vivant dans des villages dotés d’un statut particulier. Des villages que j’avais très envie de visiter mais faute de savoir exactement comment les trouver et y accéder, j’avais remis cette découverte à plus tard. Aussi quand une amie de ma belle-mère nous a proposé de venir passer un weekend dans un village de la communauté Dong, j’ai accepté sans aucune hésitation.

Il s’agissait en fait d’un « deal » typiquement chinois : la jeune femme se préparait à investir dans un hôtel situé dans ce village et elle souhaitait que je fasse des photos et écrive un article sur le village et cet hôtel. En contrepartie, nous étions nourris et logés gratuitement. C’est ainsi qu’après 12 heures de voyage, nous nous sommes retrouvés à la gare de San Jiang, le chef-lieu du comté, à attendre un taxi.

Autant le dire tout de suite, l’endroit n’est pas très accessible : lorsqu’on vient de Zhanjiang, il faut d’abord prendre le train jusqu’à Guilin Bei (Guilin nord), puis se rendre à Guilin Xi (Guilin ouest) en taxi ou en bus pour y prendre le TGV jusqu’à SanJiang Nan (San Jiang sud). Ensuite, il faudra prendre un taxi (80 RMB) qui vous conduira à l’entrée du village où vous devrez vous acquitter d’un droit d’entrée du même montant à moins de voyager en groupe. Il existe bien un bus qui fait la navette entre SanJiang et Cheng Yang et qui coute beaucoup moins cher, mais il faut le trouver, et une fois arrivé, vous devrez de toute manière vous acquitter du droit d’entrée dans le village.

Bref, après une trentaine de kilomètres en taxi, nous avons découvert Cheng Yang, un gros village construit en bordure de la rivière, au milieu d’un paysage verdoyant. D’un côté des montagnes couvertes de sapins, de l’autre, des plantations de thé, de petites parcelles où l’on cultive les salades et autres légumes verts, et bien sûr les plantations de riz « gluant » ; le fameux sticky rice que tout ceux qui ont déjà voyagé entre Laos et Cambodge connaissent bien. Comme nous sommes des invités « VIP », nous n’aurons pas à nous acquitter du droit d’entrée.

Vue de l'ensemble du village depuis le balcon de la guesthouse
Vue de l’ensemble du village depuis le balcon de la guesthouse

Encore quelques centaines de mètres et notre chauffeur nous dépose devant l’entrée d’une maison traditionnelle en bois située de l’autre côté de la rivière avec une vue imprenable sur le village. Nos hôtes nous attendent devant l’entrée de la maison ; un couple d’une soixantaine d’années. Ils ont revêtus le costume traditionnel et nous accueillent avec un large sourire. Nous déchargeons les bagages du taxi et nous suivons notre hôte à l’intérieur de la maison ; nous montons deux étages d’un escalier en bois pour découvrir notre chambre : une vaste chambre où le bois est omniprésent du sol au plafond, ce qui rend son atmosphère particulièrement chaleureuse. D’un côté, deux grands lits doubles, recouverts de grosses couettes, de l’autre une fenêtre coulissante et une porte qui donne sur un petit balcon offrant une vue dégagée sur l’ensemble du village. Ajoutez à ça un petit cabinet de toilette, une connexion wi-fi et une climatisation réversible qui fera office de chauffage le soir venu. Tout est parfait, et je sens que je pourrais passer quelques semaines ici.

Une chambre avec balcon de la guesthouse
Une chambre avec balcon de la guesthouse

Le restaurant

Mais nous sommes là seulement pour trois jours et il est temps de nous préoccuper de notre déjeuner avant de partir à la découverte du village. Comme nous l’a indiqué l’amie de ma femme, les enfants de nos hôtes ont ouvert un petit restaurant, au pied du village. On le voit d’ailleurs depuis notre balcon. Il suffit de traverser la rivière ; c’est à trois minutes à pied.

Le temps de l’écrire et nous nous retrouvons dans ce restaurant en plein air, simplement abrité par une charpente de bois couverte de chaume. La cuisine est locale et rustique : riz gluant, omelette aux herbes, viandes séchées ; poissons séchés et huo-guo. Mais tout est frais et préparé à la demande. Ce qui nous vaudra d’attendre quelques temps avant d’être servis. Mais ce n’est pas du temps perdu puisque j’en profite pour gouter à une spécialité locale, le vin de riz gluant. Il ne s’agit pas de l’alcool de riz qu’on trouve un peu partout en Chine et qui titre ses 40 ou 50 degrés ; ici, il s’agit d’un vin doux, sirupeux, à peine plus alcoolisé que le vin.

Nous avons ainsi fait un excellent repas qui nous aurait coùté 60 yuans par personne, soit moins de 10 euros , si nous avions dû régler l’addition ; quand on vit en Chine depuis plus de deux ans, on regarde à la dépense, et le prix du repas m’a paru un peu élevé. Mais pour le touriste étranger qui s’offre une petite escapade à Cheng Yang, cela reste tout à fait raisonnable.

La boutique de thés

Jouxtant le restaurant, une autre « case » couverte de chaumes abrite une boutique de thés qui appartient à la même famille. Ici donc, on vend du thé mais on en produit aussi de manière artisanale. Le thé brun est séché dans une sorte de tamis posé au dessus d’un lit de braise ; quand au thé vert, il est « cuit » dans une petite cuve de fonte. Deux opérations auxquelles j’aurais aimé assister mais lors de notre séjour ce n’était pas la période de récolte du thé et j’ai du me contenter d’imaginer la scène.

La découverte du village

Après une courte sieste, nous partons enfin à la découverte du village, en commençant bien sûr par la place haute qui domine la vallée avec d’un côté la tour du Tambour et de l’autre, une scène où se produisent les danseurs et musiciens locaux. C’est folklorique, haut en couleurs mais on y passera pas plus de dix minutes. Nous redescendons ensuite via un lacis de ruelles étroites vers le pont couvert que l’on découvre en arrivant à Cheng Yang. C’est un exemple typique de l’architecture de la région, avec comme exemple majeur le Wind an Rain Bridge de San Jiang. Ici, la galerie couverte est occupée par les vendeurs d’artisanat local : batiks, vêtements brodés, bijoux, etc. Mais pour faire des achats, il vaut mieux aller sur le second pont situé de l’autre côté du village. Il est construit sur le même modèle mais les produits qu’on y vend m’ont semblé plus authentiques.

Le pont couvert à l'entrée du village de SanJiang
Le pont couvert à l’entrée du village de SanJiang

Nous rebroussons chemin et partons au hasard dans le dédale de ruelles où alternent les petits hôtels, les restarauants, les boutiques de produits locaux et les habitations. Contrairement à Wuzhen que nous avons visité quelques années plus tôt, Cheng Yang est un village vivant où se mêlent les groupes de touristes et les habitants. On y trouve des commerces où l’on pourra acheter eau minérale, sodas, cigarettes, biscuits, bières, etc. Inutile donc de faire des achats à San Jiang avant de passer un weekend ici. Le seul service que vous ne trouverez pas sont les ATM (les distributeurs de billets).

Un quart d’heure plus tard, nous tombons sur le second pont couvert où nous arrêtons quelques minutes, puis nous poursuivons notre chemin jusqu’à une autre place dotée elle aussi d’une tour du Tambour et d’une scène couverte. Nous sommes dans un autre «quartier» de Cheng Yang.

les repas de village

Ici, on a dressé des tables sur la place et une bonne centaines de personnes se pressent autour de ce buffet qui semble improvisé. J’apprendrai plus tard que ces repas sont organisés par la commune pour les visiteurs de passage. Tous les weekends, les femmes du village préparent ainsi un repas pour quelques personnes qu’elles transportent dans le lourds paniers jusqu’à la place du village. Pour 60 Yuans, on peut ainsi participer à un de ces repas de village dans une ambiance détendue et très conviviale qui m’a fait penser aux repas de village que nous organisions lorsque nous vivions en Provence. Le lendemain, nous rencontrerons d’ailleurs notre hôte chargée de ces paniers de victuailles, et comme elle nous le dira, elle participe tous les jours à la confection des repas de villages, ce qui lui permet de gagner quelques yuans de plus.

Un repas de village sur la place de SanJiang, face à la tour du Tambour
Un repas de village sur la place de SanJiang, face à la tour du Tambour

Un weekend trop court !

Hélas, la fin de ce weekend de trois jours arrive trop vite et le lundi à 4 heures de l’après midi notre taxi est là qui nous attend pour nous conduire à la gare TGV. Heureusement, j’ai eu le temps de prendre quelques photos de nos hôtes et de les remercier pour leur accueil chaleureux. Au final, si je fais abstraction de l’amie de ma belle-mère et de son associée de guide, charmantes, serviables, mais insupportables quand on à l’habitude de voyager en duo, nous avons passé trois jours superbes et je ne saurais que trop conseiller aux amateurs de cultures authentiques d’aller passer quelques jours à Cheng Yang. Mais attention, si voulez vraiment profiter de votre séjour et découvrir la culture du peuple Dong, il vous faudra un guide qui parle anglais. En effet, ici on ne parle que le chinois et le dialecte local et même si vous parlez trois mots de chinois comme moi, vous passerez à côté de beaucoup de choses. Heureusement, je voyageais avec ma femme qui est chinoise qui a fait office de guide et de traductrice et j’ai pu ainsi vraiment apprécier notre séjour.

Les propriétaires posent en costume traditionnel devant l'entrée de la guesthouse
Les propriétaires posent en costume traditionnel devant l’entrée de la guesthouse

Renseignements

Si vous souhaitez réserver une chambre à la guesthouse, contactez directement les propriétaires (en chinois) : par téléphone au 18977270978, ou via QQ avec l’identifiant suivant 397111432.

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Photo carte de visite de la famille