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Le blog

Chronique de Zhanjiang 44

 Un four électrique

Voilà presque 2 ans et demi que nous vivons en Chine et il m’arrive encore de rêver d’une pizza ou d’un fondant au chocolat, fait-maison, comme nous les préparions dans notre village de Provence. Mais comme je l’ai déjà écris dans un vieux billet, il nous manquait un four électrique, un appareil qui ne fait pas encore partie de l’équipement standard des foyers chinois.

L’idée d’acheter un four faisait tranquillement son chemin et j’aurais pu depuis longtemps en commander un sur Taobao.com mais je préférais attendre d’en trouver un dans un supermarché proche de chez nous plutôt que de me fier au descriptif parfois sommaire des produits vendus sur le site chinois.

Un dîner chez Pizza Hut

En attendant, j’ai continué à rêver d’une pizza et c’est ainsi que lors d’un dernier voyage à Wuhan, j’ai échoué un soir où je ne savais pas trop où aller diner dans un Pizza Hut qui se trouvait à proximité de l’hôtel. Ce n’était pas prémédité mais lassé de manger des nouilles, j’avais décidé de manger au KFC situé à proximité. J’étais sur le point de pousser la porte de ce temple de la mal-bouffe quand j’ai repéré l’enseigne Pizza Hut juste au dessus de celle du fast-food.

Ça ne coutait rien d’essayer cette enseigne que je n’avais jamais testé en France, et finalement, j’ai été agréablement surpris. Ambiance feutrée, serveuses stylées, j’ai d’abord pensé que j’allais payer un peu cher ce caprice mais un coup d’œil sur la carte m’a rassuré ; la pizza classique était à 30 Yuans (4,5 euros) et je n’allais pas me ruiner. J’ai également commandé un verre de vin rouge qu’on m’a servi dans un verre étincelant.

J’ai attendu un peu longtemps pour le service mais quand on m’a apporté ma pizza dans un plat en fonte qui la maintenait au chaud j’ai pensé que finalement, je n’avais pas fait un mauvais choix, impression qui s’est confirmée lorsque j’ai gouté cette pizza, cuite à point.

Un verre d’eau

A mon retour à Zhanjiang, le hasard a fait que le four électrique que nous souhaitions acheter était enfin disponible au Walmart de Nan Qiao ; ma femme et ma belle-mère s’y sont donc rendues le soir même et sont revenues les mains vides. Le four était trop petit ou trop cher ; je n’ai pas bien compris. J’y suis donc retourné le lendemain et j’ai passé une demi-heure a examiner les quelques modèles qui étaient disponibles. L’un était effectivement trop petit, celui d’à côté, un peu cher mais j’ai fini par trouver le modèle qui nous convenait.

Restait à mettre la main sur un vendeur, plutôt rare dans le rayon électro-ménager en ce début d’après-midi, et surtout, lui faire comprendre que je souhaitais acheter un four. Le mot « four » ne faisant pas encore partie de mon vocabulaire, lorsque j’ai enfin déniché un vendeur je lui annoncé sobrement « je veux acheter un truc » (mai dong xi, en chinois) et je lui ai fait signe de me suivre jusqu’au rayon des fours. Là ; j’ai précisé en montrant le four « ce truc ». Il n’a même pas souris, à pris un carton contenant le four en question et je l’ai suivi jusqu’à la caisse. Je pensais qu’il allait me faire une facture et me demander de payer, mais non ; il a commencé à déballer le four et les accessoires, avant de le brancher et de l’allumer, pendant qu’un de ses collègues allait chercher un gobelet d’eau. J’imaginais que ce gobelet m’était destiné (les vendeurs sont souvent plein d’égards lorsqu’il ont à faire à un client étranger) ; pas du tout, le verre d’eau était pour le four et destiné à vérifier son bon fonctionnement. J’ai ainsi assisté au test de mon four en direct ; le vendeur a vidé le gobelet d’eau dans le lèche-frites et a refermé le four. Quelques minutes plus tard, il a rouvert ce même four et a vérifié d’un doigt la température de l’eau ; j’ai fait de même sans y avoir été invité et j’ai ajouté « keyi ! » (OK). Nous avons attendu ensemble que le four refroidisse et le vendeur a remballé soigneusement l’appareil et ses accessoires.

Après un passage à la caisse pour régler mon achat, je me suis ainsi retrouvé à la sortie du supermarché avec mon carton un peu encombrant en me demandant comment j’allais le rapporter chez nous. Un autochtone aurait sans hésiter hélé une moto-taxi qui pullulent aux abords du supermarché, un nouveau riche aurait confié le colis à sa femme pendant qu’il allait chercher la voiture garée au parking, moi qui roule habituellement en vélo et qui était venu à pied, j’ai hésité à prendre un taxi qui m’aurait couté 10 Yuans (1,5 euros) et j’ai pris le bus à 2 Yuans qui s’arrête à côté de chez nous.

Opération Pizza

Il n’en fallait pas plus pour que, dès le weekend suivant, je décide de lancer l’opération Pizza qui, comme son nom l’indique, consiste à préparer une pizza à la maison.

Quand on vit en France, cette opération n’a rien d’extraordinaire ; on achète sa pâte à pizza dans le supermarché le plus proche, on prends également du fromage râpée, quelques tranches de jambon, des olives, des anchois, des câpres… et on y va. A Zhanjiang, c’est un peu plus compliqué ; hormis le fromage râpé qu’on trouve facilement au Walmart, il fallait aussi trouver la pâte à pizza, le jambon, la sauce tomate, les olives, les câpres… et éventuellement les anchois.

Me voilà donc repartis en repérage au supermarché pour y dégoter une pâte à pizza. Comme j’ignorais comment se nommait ce produit en chinois, j’ai demandé la traduction à ma femme (une traduction que j’ai oublié dès mon retour car je n’achète pas des pâtes à pizza tous les jours et je pense qu’il y a du vocabulaire plus important à retenir).

Au supermarché, la responsable de rayon n’a pas compris ma requête, je lui ai donc montré le bout de papier sur lequel ma femme avait inscrit en chinois « pâte à pizza ». Elle m’a montré le bas d’une armoire réfrigérée et m’a annoncé « meyo le » (y en a plus), à ne pas confondre avec « meyo » qui signifie « y en a pas ». Qu’à cela ne tienne, nous préparerons la pâte nous-mêmes.

Par curiosité, j’ai fait le tour des autres armoires réfrigérées et c’est ainsi que j’ai découvert par hasard du jambon ! Il suffit parfois de peu de chose pour rendre un homme heureux et cette découverte m’a comblé. J’ai ensuite cherché, sans succès, des olives, des câpres et des anchois et je suis rentré à la maison avec mes précieux achats : un sachet de 200 gr de fromage râpé Pizza Blend (39 Yuan), et un paquet de tranches de jambon (15 Yuan) ; deux produits importés de Nouvelle-Zélande ou d’Australie.

Un sachet de fromage râpé, mélange spécial pour pizza, déniché au Walmart de Nan Qiao
Un sachet de fromage râpé, mélange spécial pour pizza, déniché au Walmart de Nan Qiao
Un paquet de jambon en tranches pour préparer la pizza.
Un paquet de jambon en tranches pour préparer la pizza.

Pendant ce temps, ma femme se chargeait de trouver la sauce tomate ; elle avait repéré une petite boutique, à deux pas de chez nous, qui vend des ustensiles et des produits pour les amateurs de cuisine occidentale : moules à gâteaux, moules à muffins, beurre, farine, etc.

Le soir venu, j’ai investi la cuisine sous le regard curieux de ma belle-mère, j’ai étalé la pâte que ma femme avait préparée dans l’après-midi, ajouté la sauce tomate, le jambon découpé en lamelles, le fromage râpé et les champignons émincés, et j’ai enfourné le tout dans le nouveau four. Un quart d’heure plus tard, j’en ai ressorti une pizza cuite à point ; il manquait bien quelques olives mais le résultat avait de l’allure et la pizza s’est révélée assez honnête pour un premier essai.