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Le blog

Chronique de Zhanjiang 47

Une toupie de 30 kilos

Lors de ma première rencontre avec Song dans sa boutique de San Yan Qiao Lu, une des premières choses que j’ai remarquées, c’est la grosse toupie en résine qui traînait dans un coin, une toupie de 60 cm de diamètre environ et de 80 cm de haut. Et passés les premiers échanges de politesse, j’ai demandé à Song le poids de cette toupie. Il m’a répondu 30 kilos et me l’a mise dans les bras pour une photo souvenir.

Une toupie en résine de 30 kilos.
Une toupie en résine de 30 kilos.

Plus tard, lorsqu’il a achevé ma nouvelle toupie, nous avons repris la discussion et il m’a proposé de venir jouer à la toupie avec lui durant le weekend. J’ai mis un peu de temps à comprendre sa proposition et, même au final, je n’étais pas sûr d’avoir bien compris. Je lui ai donc dit que j’allais demander à mon épouse de le rappeler pour organiser cette séance. Après avoir échangé nos contacts QQ et Wechat, et avoir fait une petite démonstration de fouet, sur le trottoir devant la boutique, je suis rentré à l’hôtel.

Traducteur

Je répugne toujours à utiliser un traducteur automatique durant la conversation, ça rend les échanges laborieux et les traductions sont souvent approximatives ; je préfère bricoler avec mon vocabulaire limité pour essayer de me faire comprendre. En revanche, lorsque je suis à la maison ou à l’hôtel, j’utilise un de ces traducteurs pour communiquer sur Wechat ou QQ. C’est ainsi que sans avoir à demander l’aide de ma femme, j’ai échangé quelques messages avec Song ; d’abord pour savoir si j’avais bien compris sa proposition, ensuite pour organiser notre rendez-vous. Nous avons finalement décidé d’aller à YanJiang Park le samedi matin et de nous retrouver devant la boutique de Song vers 6 heures et demie.

Le samedi matin entre 6 et 7, la circulation est fluide à Wuhan et le taxi a mis à peine dix minutes pour me déposer devant la boutique dont le rideau de fer était baissé. J’ai donc patienté un bon quart d’heure avant de voir arriver Song au volant d’une superbe voiture blanche, un modèle qui vaut dans les 200.000 Yuans (25.000 €) que je n’aurai jamais les moyens de me payer.

Nettoyer la voiture

Il a garé la voiture devant la boutique, a levé le rideau de fer et, au lieu de charger l’équipement dont nous avions besoin, il a déroulé un tuyau, sorti un paquet de lessive, une grosse éponge, et entrepris de laver sa voiture qui avait quelques traces de boue sur les côtés. Comme je ne voue pas un culte immodéré à l’automobile, je l’ai regardé un peu surpris. Mais visiblement, c’était important d’avoir une voiture impeccable, soit pour transporter un étranger, soit pour aller à YanJiang Park qui se trouve dans un quartier chic. Bref, après un quart d’heure de travail, la voiture était rutilante et nous avons chargé le matériel : la toupie de 30 kilos, les bâtons, plus quelques petites toupies d’un kilos que je pensais être destinées à un client.

Dix minutes plus tard, nous nous garons à YanJiang Park ; Song charge la grosse toupie sur son épaule, je m’occupe des bâtons et l’ami qui nous accompagne prend le reste.

Surprise

La veille, j’avais déjà discuté avec mon entraîneur ; je lui avais montré ma nouvelle toupie et les photos de la boutique de Song. Bien sûr, il connaissait ; c’est dans cette même boutique qu’il achetait ses toupies dont celles de 4,5 kilos qu’il m’avait vendue l’année précédente. Il était visiblement surpris que j’ai découvert tout seul cet endroit. Mais ce matin, lorsque nous débarquons avec Song sur l’air de jeu, il est encore plus surpris ; comment cet étranger qui comprend à peine ce qu’on lui raconte a pu organiser tout ça ?

En fait, il ne pose pas trop de questions ; il attend que Song lance sa toupie de 30 kilos. C’est le moment dont je rêvais depuis que j’ai rencontré les joueurs de YanJiang Park. Faute d’avoir emporté mon appareil photo, je mitraille avec l’iPad, en photos et en vidéos. Song enroule une corde de 5 ou 6 mètres autour de la toupie, prend son élan et la propulse devant lui. Cette dernière se met à tourner doucement en oscillant autour de son axe. Mais Song n’attend pas ; il attaque la toupie avec son bâton de 2 mètres et la travaille jusqu’à ce que la rotation se stabilise. Il passe ensuite la main à mon entraineur qui poursuit le travail en duo avec un autre joueur. Ensuite, la douzaine de joueurs qui sont présents ce matin se relaient pour faire tourner la toupie, en solo, en duo et même en trio.

Song attaque la toupie de 30 kilos avec son bâton de 2 mètres, tenu d'une seule main.
Song attaque la toupie de 30 kilos avec son bâton de 2 mètres, tenu d’une seule main.

Quand vient mon tour, j’emprunte le bâton de 2 mètres de mon entraineur qui me dit : « vas-y ». L’occasion est trop belle et je ne la louperais pour rien au monde ; mais je n’ai pas l’habitude de manier un bâton de deux mètres et la toupie est définitivement trop lourde. J’ai l’impression de taper dans un mur en béton. Ce n’est pas une question de force mais de mouvement, ça je l’ai compris depuis longtemps ; il me manque juste quelques années de pratique.

Strike !

Ensuite, nous passons à autre chose. Song a apporté un jeu de quilles en bois qu’il dispose comme des quilles de bowlings au bout de l’aire de jeu. Il prend une petite toupie d’un kilo, se positionne à 15 mètres et d’un swing l’envoie percuter les quilles. Strike ? Non ; il reste trois quilles debout. Mais tout le monde s’y met avec plus ou moins de bonheur. Pour ma part, après de nombreux essais, je réussis un score honorable avec 3 quilles renversées, mais j’ai découvert une autre manière de jouer à la toupie, qui nécessite toutefois un espace conséquent et que, faute de place, je pourrai pas pratiquer à Bei Qiao Park.