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Le blog

Chroniques de Zhanjiang 05

Un aller-retour à Guangzhou

La Chine fait partie de ces pays qui exigent trois pages vierges sur votre passeport pour vous délivrer un visa. Une règle que j’ignorais lorsque nous sommes allés au bureau des étrangers pour renouveler mon visa. Tout comme j’ignorais qu’il ne restait que deux pages vierges dans mon passeport à peine vieux de cinq ans.

Dans ce cas, inutile d’essayer de négocier, la seule solution est de faire remplacer son passeport, une démarche que je n’avais jamais effectuée, même en France. En France, j’aurais été à la Mairie du village, j’aurais rempli un formulaire et j’aurais récupéré un nouveau passeport quinze jours plus tard. En Chine, il faut naturellement passer par le Consulat, dans mon cas, celui de Guangzhou, qui se trouve à 500 km de là où nous habitons.

En consultant le site Web du Consulat, j’y apprends que la demande de renouvellement de passeport et le retrait du nouveau passeport doivent se faire en personne. Pas possible donc d’envoyer le passeport par la poste ou de demander à mon beau-frère qui habite Guangzhou de déposer la demande au Consulat. Il faudra que je fasse deux fois l’aller-retour Zhanjiang-Guangzhou, 500 km par trajet, une paille lorsqu’on a l habitude du TGV. Sauf que la ligne qui reliera Zhanjiang à Guangzhou n’existe pas encore. A moins de prendre l’avion qui reste très cher sur ces petites liaisons, il faut prendre le bus ou le train. Avec le premier, c’est 6 ou 7 heures de voyage, selon l’heure à laquelle on part ; avec le second, la durée du voyage varie entre 5 et 9 heures. Mais il n’y a que 5 trains par jour, alors que la liaison par bus est assurée par plusieurs compagnies qui proposent des départs toutes les heures et mêmes quelques bus de nuit.

500 km en bus

Quand on a déjà fait de longs voyages en bus, au Vietnam, au Laos, au Cambodge ou en Thaïlande, on se dit qu’un périple de 500 km dans un bus chinois doit être une expérience amusante. En réalité, pour l’avoir déjà testé à de nombreuses reprises, c’est beaucoup moins folklorique, et même plutôt ennuyeux. En effet, entre Zhanjiang et Guangzhou la majeure partie du trajet se fait par l’autoroute et l’arrivée sur Guangzhou est interminable. Passé l’effet de surprise du premier voyage, on se lasse très vite de ce périple. Mais comme c’est encore le moyen de transport le moins cher (80 Yuans), c’est la solution que j’ai choisie pour me rendre au Consulat. En revanche pour le retour, j’ai décidé de prendre le train, même si tout le monde me le déconseille. Le billet coute deux fois plus cher, le train ne s’arrête pas à la gare centrale de Zhanjiang, mais à Zhanjiang West, située loin de tout, et surtout pour un touriste voyageant en solo, prendre le train à la gare centrale de Guangzhou s’apparente, paraît-il, à « Mission impossible ».

Le jour du départ, j’embarque donc dans le bus de 7h 30, en compagnie d’étudiants qui retournent à Guangzhou. La plupart ont leur smartphone à la main et des écouteurs vissés dans les oreilles ; des accessoires qu’ils ne lâcheront pas de tout le voyage. Comme les places ne sont pas numérotées, je m’installe à l’avant pour profiter de la vue panoramique. Il n’ a rien à voir sur le trajet, mais c’est toujours mieux que de se retrouver nez-à-nez avec le dossier du siège qui vous précède. Le bus s’arrête une première fois à l’entrée de l’autoroute pour une pause-pipi et c’est parti pour 3 heures de route avant le prochain arrêt.

Aux alentours de 10h 30, c’est la pause déjeuner, le car quitte l’autoroute et s’arrête quelques minutes plus tard sur le parking d’un immense resto-route qui peut accueillir une trentaine de bus. L’accompagnateur annonce une pause de vingt minutes (en chinois) que je me fais traduire par un de mes compagnons de voyage. Je suis la cohorte de voyageurs vers les toilettes, gigantesque, où l’on vous fait payer 1 Yuan pour vous soulager la vessie, puis je vais flâner dans les boutiques qui alternent avec les restaurants. On y trouve bien sûr multitude de sodas et d’eaux minérales dont la marque « C’estBon » (sic), mais aussi des rayons entiers d fruits et de graines séchées dont les autochtones raffolent.

Retour à l’extérieur à proximité de notre bus où sont déjà rassemblés la majorité des passagers. Certains ont acheté un épis de mais cuit à la vapeur, d’autres une soupe de tofu que vendent les stands situés sur le parking. Moi, j’attends de remonter dans le bus pour avaler le sandwich que j’ai acheté la veille dans une boulangerie de Zhanjiang. C’est un sandwich de pain de mie, garni d’une omelette et de ce qui ressemble à du salami. Et là, je regrette franchement un bon sandwich fait maison dans une baguette de campagne, avec rillettes et cornichons, ou beurre et Cantal. Mai ne rêvons pas, ici ça n’existe pas. Le sandwich chinois dans sa version « deluxe », accompagné d’une bière, est tout à fait potable. En tout cas, il me fera patienter jusqu’à l’arrivée à Guangzhou où, une fois n’est pas coutume, j’irais m’offrir un Big Mac, dans le MacDo situé au pied de la tour qui abrite le Consulat de France.

Vingt minutes plu tard, le chauffeur sonne le rappel de quelques coups de Klaxon, l’accompagnateur fait le compte des passagers et c’est reparti pour la seconde moitié du trajet. Sur le coup de 13h 30, le bus fait sa première halte devant un grand hôtel à proximité du consulat. C’est là que je descends.

Au Consulat, les formalités de renouvellement de passeport sot réglées en vingt minutes On me confirme que le nouveau document sera disponible dans moins d’un mois et je repars rassuré car il ne reste que cinq semaines avant la date d’expiration de mon visa qui coïncide peu ou prou avec le début des vacances du Nouvel An Chinois. Et comme j’en ai fait l’expérience deux mois plus tôt, je sais que l’administration chinoise de plaisante pas avec les voyageurs en possession d’un visa expiré !

Trop tard pour m’offrir un Big Mac, l’heure tourne et je dois rejoindre la gare centrale où je prendrai le train pour rentrer. Ce dernier ne part pas avant 15h 40, mais on m’a raconté tellement d’horreurs sur cette gare, que je préfère arriver un peu avance.

Gare centrale de Guangzhou

Effectivement, j’avais déjà vu la gare de loin, en passant à proximité à bord d’un taxi mais je ne m’y étais jamais arrêté. Lorsque on y arrive par le métro, on découvre une immense esplanade tout en longueur, peuplée de petits groupes de voyageurs en attente de leur train et quadrillée par d’importante forces de polices. J’imagine avec horreur à quoi doit ressembler cette place lors des grandes migrations du Nouvel An Chinois. Mais en cette fin décembre, l’endroit est relativement calme, exceptée l’entrée de la gare elle-même où l’on doit présenter son billet et son passeport pour pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Là, la foule se presse, canalisée par des barrières métalliques, et il faut jouer des coudes pour conserver sa place dans la file d’attente.

Après un quart de queue, j’accède finalement à l’intérieur du bâtiment où rien n’est prévu pour le voyageur étranger. Je consulte le panneau d’affichage (en chinois) pour y repérer mon train. Que je trouve grâce à son numéro. Reste à trouver la salle d’attente qui lui correspond. En effet, dans les grandes gares chinoises, l’accès à chaque train se fait à partir d’une salle d’attente précise, et seulement à partir de celle-ci. Après un long examen du panneau d’affichage, et avec l’aide du dictionnaire chinois que j’ai installé sur ll’iPad, je finis par comprendre que les salles d’attentes sont réparties sur deux niveaux et que celle attribuée à mon train est la salle d’attente N°5, au rez-de-chaussée.

Un quart d’heure avant le départ, les contrôleurs ouvrent les grilles et la foule s’engouffre dans les couloirs et les escaliers qui mènent au quai. Je suis le mouvement pour rejoindre le train qui est déjà à quai. Ce dernier arrive de Beijing et continue jusqu’à Sanya (sur l’île de Hainan), il est déjà au trois quart plein et les passagers qui ont embarqué dans la capitale sont déjà sur le quai pour prendre l’air ou faire quelques mouvements de gymnastique. Avec l’aide d’un contrôleur, je trouve mon wagon et ma couchette, et m’installe sur un strapontin en attendant le départ du convoi. La suite, c’est un voyage sans surprise lorsqu’on a l’habitude des trains chinois, qui m’amène 5h 30 plus tard à Zhanjiang West, une toute nouvelle gare, un peu excentrée, qui accueillera un jour les TGV en provenance de Guangzhou ou Beijing.

Pour le moment, faute de TGV, les taxis qui attendent les voyageurs ne sont pas bien nombreux. J’en compte trois qui tous demandent un prix exorbitant pour parcourir les dix kilomètres qui nous séparent du centre-ville. J’essaie de négocier en vain, jusqu’à ce qu’un des chauffeurs propose de partager son taxi avec plusieurs clients. Affaire conclue ; nous embarquons à trois dans le taxi qui pour 30 Yuans par personne nous emmène vers Chikan.

1 Comment

  1. PEMEANT

    J’ai aussi connu les « plaisirs » du bus entre Zhanjiang et Guangzhou, heureusement accompagnée de ma femme chinoise. Cette « histoire » ressemble trait pour trait à ce que j’ai vécu ! heureusement, je n’avais pas de problème de pages vierges à mon passeport.
    J’ai connu cette année les trains bondés pour le Nouvel An chinois entre Zhanjiang et Guanxi. Très « coloré » aussi !
    Heureusement là aussi ma femme était là !

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