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Le blog

8 janvier 2013 : De Hanoï à Sa Pa

On l’appelle le train de Sa Pa, mais en fait il s’agit du train qui relie Hanoï à Lao Cai, une grosse ville située dans le nord-ouest du pays, à la frontière chinoise, et à partir de laquelle on rejoint Sa Pa en minibus. Voie étroite oblige, les trains vietnamiens sont moins confortables que les trains chinois et tout aussi lents. Pour moins de trois cents kilomètres, il faut compter une dizaine d’heures. Nous arriverons donc avant cinq heures du matin, et comme les trains vietnamiens sont souvent plus à l’heure que les trains chinois, on peut se fier aux horaires de la compagnie.

Effectivement, il fait encore nuit lorsque le convoi s’arrête en gare de Lao Cai, aussitôt pris d’assaut par les chauffeurs de taxis et de minibus qui essayent de vous vendre au prix fort le trajet jusqu’à Sa Pa. Soit une trentaine de kilomètres sur une route de montagne plutôt bien aménagée. Fort de l’expérience de nos voyages précédents, nous connaissons à peu près le prix du voyage en minibus et nous déclinons aussi poliment que possible les propositions des chauffeurs. Tâche difficile lorsqu’on a été réveillé à l’aube, harcelé par une dizaine de chauffeurs et qu’on a presque oublié le tarif « normal ».

En fait, il n’y pas de tarif « normal » puisqu’il n’y a pas de compagnies régulières qui font le trajet Lao Cai – Sa Pa. Il n’y a que des compagnies privées qui font leurs prix à la tête du client, quand le client n’a pas déjà acheté un package comprenant le train et le mnibus.

Comme chaque fois que nous montons à Sa Pa, ce sont donc des discussions sans fin avec les chauffeurs de minibus jusqu’à ce que l’un d’entre eux accepte de nous transporter pour l’équivalent de 2 euros alors qu’il a fait payer dix fois plus aux autres passagers.

Après une petite heure de route sans histoire, nous arrivons à Sa Pa, à 1600 mètres d’altitude. Le chauffeur nous dépose devant le portail du Darling hotel qui, étrangement, semble fermé. C’est pourtant l’hôtel où nous descendons chaque fois que nous montons à Sa Pa. Un peu excentré, situé à 10 minutes à pied du centre de la ville, le Darling Hôtel est sans doute l’un des hôtels les plus critiqués de Sa Pa sur les sites comme TripAdvisor, mais nous laissons les râleurs râler. Même s’il est vrai que l’hôtel n’est plus de la première jeunesse et que le service se fait à la tête du client.

Mais le Darling Hotel vaut le détour, avec une vue imprenable sur la vallée, des chambres spacieuses, meublées avec goût et des prix qui n’ont pas bougé depuis 3 ou 4 ans, c’est l’endroit idéal pour passer quelques jours lorsqu’on monte à Sa Pa. Seul inconvénient, lorsque la température chute, l’hôtel est glacial et les chambres sont dépourvues de chauffage.

Le Darling Hotel à Sapa, offre une vue imprenable sur le vallée.
Le Darling Hotel à Sapa, offre une vue imprenable sur le vallée.

Pour l’heure, le silence qui règne autour des bâtiments et le vieil antivol qui ferme la grille sont de mauvaise augure. Un peu dépités, nous repartons à pied vers le centre. Deux cents mètres plus bas, en face d’un hôtel de luxe, il y a une épicerie, restaurant qui fait aussi hôtel (à moins que ce ne soit l’inverse) devant laquelle nous sommes déjà passés à de nombreuses reprises. Cette fois, nous nous arrêtons. Le propriétaire nous fait visiter les lieux : chambres immenses, meubles en bois massifs, mais l’endroit est aussi froid qu’un entrepôt frigorifique. Comme l’homme nous promet un radiateur portatif et que le prix de la chambre n’est pas excessif, nous payons pour une nuit. Une nuit qui sera glaciale, bien évidement, malgré le chauffage d’appoint qui éclaire plus qu’il ne chauffe.

Entretemps nous sommes remontés au Darling Hôtel. Le portail était ouvert et nous avons descendu l’allée en pente douce qui mène à la réception. Nous avons retrouvé notre ami Hoan, un des deux frères qui tiennent l’établissement, installé devant son ordinateur, un radiateur soufflant à ses pieds. Il attend le client et nous accueille d’un sourire. Dans son anglais approximatif, il nous explique que l’hôtel n’est pas fermé ; mais que nous sommes arrivés un peu trop tôt. Nous aurions dû téléphoner ou envoyer un mail avant de monter. Nous réservons une chambre pour le lendemain, tout en sachant que c’est inutile, puisque l’hôtel est désert.

Le lendemain, après un petit déjeuner pris dans notre épicerie, restaurant, hôtel, nous rassemblons nos bagages et remontons vers le Darling Hôtel. Il y a toujours aussi peu de monde, mais avec le soleil qui perce les nuages, il fait presque chaud, et du coup les chambres semblent moins glaciales que dans l’hôtel que nous venons de quitter. Bien sûr, ce n’est qu’une impression et notre première nuit au Darling Hôtel sera aussi vraiment très froide. Mais pour le moment, nous en sommes encore à poser nos bagages dans une grande chambre, dotée d’un petit balcon et d’une grande salle de bains. C’est tout le charme du Darling Hôtel. Même si la porte du balcon laisse passer les courants d’airs par un jour de deux centimètres, si l’eau chaude fait des caprices dans la salle de bain et si le Wi-fi n’est accessible que depuis la réception.

Sitôt les bagages posés, nous repartons en ville. Direction le marché, pour faire nos achats. Il ne s’agit pas de remplir le cabas de fruits et de légumes, mais de trouver des tentures et des bonnets ethniques Hmong pour notre boutique. Quand on connaît les bonnes adresses, tout devient plus simple, et à Sa Pa, la bonne adresse c’est le marché couvert, et quand il fait beau, le marché en plein air, en haut de la ville.

Pour cette première matinée, nous avons un objectif, trouver des tentures ethniques Hmongs. Nous avons fixé un prix limite et nous partons à l’assaut du marché couvert. Au premier étage du marché, au-dessus du marché aux légumes, l’espace est occupé par les artisans des villages environnants. Ici, ce sont essentiellement des hmongs et des Zao. Chaque femme dispose d’un stand de quelques mètres carrés où elle travaille et vend sa production. A l’entrée de cet atelier, nous retrouvons une vieille femme Hmong à qui nous avons acheté des bonnets deux ans auparavant. Elle reconnaît mon épouse et nous lui promettons de revenir lui acheter d’autres bonnets.

Une femme Zao sur le marché couvert de Sapa
Une femme Zao sur le marché couvert de Sapa

Sur les murs de l’atelier, nous avons déjà repéré quelques belles pièces et je demande à les voir de plus près. Je demande le prix « pour voir ». Beaucoup trop élevé. Je marchande gentiment sans trop y croire et passe au stand suivant. Nous déplions quelques tentures pour les examiner en détail. Et le marchandage reprend avec cette seconde vendeuse. Elle s’accroche à son prix, je m’accroche au mien. Impossible de conclure. Je poursuis mon tour de l’atelier. Je sais très bien que toutes les femmes ont repéré mon manège et m’observe de loin pour savoir chez qui nous allons acheter. Ce qu’elles ignorent c’est que nous ne sommes pas venus pour acheter une seule tenture, mais une douzaine ou une vingtaine. Tout dépend de ce que nous trouverons.

Finalement, nous négocions notre première achat, juste dans nos prix. Puis un second chez le même artisan. En quelques minutes, l’information fait le tour de l’atelier et nous nous retrouvons entourés par une dizaine de femmes hmongs qui brandissent leurs tentures à bout de bras et tentent de nous persuader d’acheter leur produit.

Il y aura forcément des déçues. Mais ce ne sont pas les vendeuses de tentures Hmongs, en effet, nous trouvons encore deux tentures à notre goût et leur promettons de revenir le lendemain pour d’autres achats ; ce sont surtout les femmes Zao qui nous voient passer sans un regard pour leurs produits. C’est une question de goût et on n’y peut rien. Si les femmes Zao sont beaucoup plus jolies et photogéniques que les hmongs avec leur coiffe rouge en forme de coussin, leur artisanat ne nous a pas conquis.

Après cette première matinée passée au marché, nous remontons à l’hôtel pour poser nos achats et pour déjeuner. Bien que nous soyons les seuls clients, le patron a convoqué la cuisinière (qui est aussi sa femme) pour nous préparer un repas. Ce sera du riz sauté aux légumes que nous avalerons dans la salle de restaurant de l’hôtel, une pièce agréable, mais aussi froide que le reste de l’établissement.