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Le blog

Phonsavan 18 – 23 Janvier 2013

De Phonsavan à Luang Prabang

Située à dix heures de bus de Luang Prabang, une douzaine d’heures de Vientiane et plus de 18 heures de route de Hanoi, Phonsavan est une ville difficile d’accès. Malgré cela, la ville accueille de nombreux touristes. La principale raison en est la proximité de la plaine des jarres, et c’est précisément pourquoi nous sommes là.

Après une nuit réparatrice passée au White Orchid Guesthouse, nous sortons prendre le petit déjeuner. Dans la rue, il fait déjà chaud. Nous l’avions presque oublié mais dés que l’on quitte les montagnes du Vietnam en direction de l’ouest, la température remonte rapidement, et même en hiver, il fait presque vingt degrés. Nous nous installons donc à la terasse d’un café qui donne sur la rue principale.

Vue sous cet angle, Phonsavan est une ville « western » qui fait penser à Luang Namtha, plus au nord du Laos. La ville s’étire sur des kilomètres, le long de cette grand rue qui est aussi le principal axe de communication entre la frontière du Vietnam, d’un côté, et la route de Vientiane et de Luang Prabang, de l’autre. En face du café, la halte des bus longue distance et le restaraunt où nous avons diné. Pour le moment, nous profitons de cet instant de calme en sirotant un café Lao.

Ensuite, nous devons trouver un endroit plus confortable pour séjourner quelques jours à Phonsavan et visiter les différents sites. La guesthouse où nous avons passé la nuit n’est pas une mauvaise adresse, mais j’ai besoin d’un endroit au calme et d’une connexion internet pour travailler. Grâce à l’excellent site de nos amis de Travelfish, j’ai déjà repéré quelques adresses de Guesthouse. Reste à savoir s’ils ont des chambres disponibles, et accessoirement, si le prix des chambres indiqué sur le site est toujours d’actualité. En effet, lorsqu’on voyage sans avoir planifié exactement ses étapes et ses points de chute, on a parfois des surprises.

Heureusement à Phonsavan, les gesthouses sont concentrées dans un périmètre assez restreint, centré autour de l’arrêt des bus longue-distance, et je ne devrais pas avoir à parcourir des kilomètres pour vérifier les quelques adresses que j’ai notées. A condition de disposer d’une carte de la ville exacte. Mais dans ces contrées, les cartes fournies par Google Maps sont assez approximatives. (Qui a déjà vu un Google Car dans les rues de Phonsavan), et lorqu’on croit trouver une rue il s’agit souvent d’un simple chemin quand ce n’est pas une voie sans issue. J’arrive tout de même à boucler ma visite en une petite heure et reviens à l’hôtel au rapport. Les bungalows en bois situés à côté de l’ancienne aéroport ont mal vieilli, les adresses situées sur la grand rue sont vraiment des adresses de routards avec des petits prix mais un confort précaire. En revanche, j’ai découvert une nouvelle guesthouse qui vient tout juste d’ouvrir et qui finalement n’est pas trop éloignée de la rue principale. Il s’agit de Lieupi Mixay Gesthouse.

La batiment est flambant neuf, un peu en retrait de la rue, et lorsque j’arrive, le comptoir de réception est désert. Je m’aventure dans les étages et tombe finalement sur une employée en train de faire le ménage. La suite de la conversation se fait dans un sabir anglo-français. Mais je repars en ayant visité une chambre et en ayant fait comprendre que je revenais avec mon épouse avant l’heure du déjeuner. Le temps de récupérer nos bagages et de rendre la clé à la guesthouse, nous somme de retour au Lieupi Mixay Guesthouse.

La guesthouse est une affaire familiale, tenue par des laos qui ne parlent pas un mot de français. Mais durant les weekends, le fils qui fait ses études à Vientiane revient pour s’occuper de la réception. En l’absence du fils que nous rencontrerons le lendemain, l’inscription et le règlement de la chambre se font dans un mélange d’anglais et de chinois. Mais l’essentiel est là, nous avons trouvé une chambre confortable ; le prix est correct et nous disposons d’une grande salle au rez-de-chaussée, avec une connexion internet haut débit. Ce qui au Laos est une dénrée rare, dés que l’on s’éloigne de la capitale.

La plaine des jarres

Les touristes qui se rendent à Phonsavan viennent d’abord ici pour visiter la Plaine des jarres. On devrait d’ailleurs dire « les plaines des jarres » car ces fameuses jarres sont visibles dans trois lieux différents qui sont aux programmes des tours operators, hôtels et loueurs de motos de la ville. Moyennant une cinquantaine de dollars par personne, on peut ainsi s’offrir une excursion sur les trois sites en minibus climatisés, avec en prime, un détour par quelques cratères de bombes, l’épave d’un vieux tank soviétique et la visite du fameux « spoon village », un village où l’on fabrique des cuillières en métal à partir de résidus de bombes et autres morceaux d’avions.

Pour ceux qui ne raffolent pas de ces tours organisés et préfèrent découvrir les sites par leurs propres moyens, la meilleure solution est de louer une moto. Et c’est la solution que nous avons adoptée que ce soit au Vietnam, au Cambodge ou au Laos. A côté de la première guesthouse où nous avons passé la nuit le soir de notre arrivée, j’ai repéré un loueur qui, outre les inévitables scooters, proposent quelques motos plus adaptées à la route et aux mauvais chemins de la campagne. C’est ainsi que nous partons au guidon d’une Honda Twin customizée(ou plutôt, une copie chinoise), à la découverte du site n° 1, munis d’une carte sommaire fournie par notre loueur.

Situé à une quinzaine de kilomètres de la ville, c’est le site le plus proche de Phonsavan et le plus facile d’accès. Avec son parking aménagé, sa buvette et sa boutique de souvenirs, c’est aussi le plus visités par les groupes. Mais l’endroit vaut le détour. Après avoir laissé la moto au parking et payé un droit d’entrée raisonnable, nous marchons une dizaine de minutes dans la campagne avant de découvrir le site. C’est une petite plaine parsemée de fûts de pierre oblongs et il faut s’approcher pour réaliser qu’il s’agit bien de jarres taillées dans la pierre et plantées dans le sol, toutes plus ou moins de guingois. La balade est agréable mais le lieux manque de vie; ce qui n’est pas vraiment étonnant pour un site qui selon toute vraisemblance devait être une sorte de cimétière.

Avant de rentrer en ville, nous faisons un détour par une ancienne base militaire américaine située à proximité. Hormis un portique d’entrée ornée d’un panneau sur lequel on déchiffre encore l’inscription US Army et le nom du régiment, une place d’armes en friches et quelques baraquements, il ne reste pas grand chose. Juste assez cependant pour se remémorer quelques films de guerre montrant des bases américaines dans le sud du Vietnam.

Le lendemain, nous décidons de repartir en expédition pour découvrir les autres sites de la plaine des Jarres. Et cette fois, il s’agit réellement d’une expédition car si l’on en croit les différents guides, ces sites sont situés à une trentaine de kilomètres de Phonsavan dont la moitié de mauvaise piste. Qu’à cela ne tienne, le loueur de moto sait où nous allons et tant que nous ramenons son engin intact, il se fout de le récupérer noir de poussière. D’autant plus qu’ici, avec les pistes de latérite, la poussière est plutôt rouge. Et durant cette journée, nous allons en avaler des tonnes.

Après une dizaine de kilomètres sur la route principale nous bifurquons sur une piste. D’abord confortable, la piste se transforme rapidement en mauvais chemin, parsemé de trous et de bosses. Heureusement pour la navigation, on rencontre aux rares intersections des panneaux qui nous indiquent la direction à suivre. Nous poursuivons notre route, sans rencontrer beaucoup de monde, à l’exception de quelques minibus de touristes qui nous doublent en soulevant un nuage de poussière, et quelques pickups dont un rempli de jeunes « miliciens » armés de Kalachnikov (à moins que ce ne soient des AK.47).

Lorsqu’on arrive enfin aux abords du site, l’endroit est désert. Un parking en terre battue, une baraque en bois qui fait office de logement pour le gardien et de guichet de vente des tickets. Le fonctionnaire nous vend deux tickets et nous indique le chemin en direction de la colline. Nous reprenons la moto et parcourons encore 500 mètres sur un chemin créusé d’ornières jusqu’à l’entrée du site et nous poursuivons à pied sur un petit sentier balisé qui nous mène au sommet de la colline. Ici, pas question de faire du hors piste ; la région est encore truffée de mines et de bombes qui n’ont pas explosé (ici, on les appelle UXO) et seul le sentier balisé est réellement sur. Au sommet, quelques dizaines de jarres en mauvais état nous attendent. Après un quart d’heure de balade, nous redescendons dela colline et prenons le chemin du retour. Direction cette fois le « spoon village ».

Ban Napia

Durant la guerre du Vietnam, l’aviation américaine a déversé des milliers de tonnes de bombes sur les provinces du Laos proches de la frontière du Vietnam, avec un objectif : couper la piste Ho Chi Minh qui permettait le ravitaillement du sud Vietnam. Aujourd’hui, il reste encore des milliers d’engins non explosés qui font chaque année des centaines de victimes et empêchent les laotiens de redévelopper leur agriculture. Dans la région de Phonsavan, des villageois ont eu l’idée de recycler ces engins de destruction pour en faire des cuillières, des bracelets et autre porte-clé en métal brut, que l’on retrouve sur les marchés touristiques du Laos, mais aussi en Thailande. Plus connu sous le nom de War Spoon village, c’est le village de Ban Napia que nous partons visiter.

Au premier abord, rien ne le distingue d’un autre village Lao ; des maisons de bois construite en retrait d’une piste défoncé par la saison des pluies. Mais lorsqu’on approche de ces maisons, une odeur âcre vous titille les narines. Et si l’on commence à détailler le paysage, on découvre de petits ateliers, couverts d’un toit de bambou où quelques personnes s’affairent.

Nous laissons la moto sur la piste et allons visiter un de ces ateliers : un tas de bois, un four artisanal, un tas de ferraille et une jeune femme assis sur un tabouret qui officie. Elle prélève une louche de métal fondu sur le devant du four et en rempli un moule en bois qu’elle a posé devant elle. Elle attend une petite minute puis défait le lien qui retient les deux parties du moule, l’ouvre, et dévoile sous notre regard ébahie une cuillière à soupe. A l’aide d’une autre cuillière fabriquée plus tôt, elle dégage la nouvelle cuillière du moule et la pose sur un banc à côté de sa production du jour. Elle referme ensuite son moule en bois, et reprend les gestes précédents.

Le geste est précis, rodé, en à peine une minute, elle fabrique une cuillière soupe qu’elle vend sur place un euros. Elle pourrait être riche si le village recevait davantage de visites. Mais pour se rendre à Ban Napia, c’est vingt kilomètres de chemin défoncé, sûrement inaccessible durant la saison des pluies. Elle pourra être riche, ou tout du moins faire vivre sa famille, si elle survit à l’inhalation quotidienne des vapeurs de métal fondu qui commence déjà à nous prendre la gorge. Nous lui achetons une demi-douzaine de cuillières et rejoignons la moto pour repartir vers la ville.