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Le blog

Shanghai – 24 décembre 2012

De Shanghai à Zhanjiang, par le train

Nous passerons finalement une semaine à Shanghai, le temps de découvrir un vieux marché aux puces, mais surtout de trouver des billets de trains pour notre prochaine destination : Zhanjiang, une petite ville de province située 400 km à l’ouest de Canton.

Gare de Shanghai-Sud, Chine (juillet 06) –

De Shanghai à Zhanjiang, il y a peu près 1800 km, c’est-à-dire environ 32 heures de train. Bien sûr, on peut faire le même trajet en avion, en à peine plus de 2 heures. Mais le voyage en train est beaucoup plus économique et il constitue à lui seul, un voyage dans le voyage.

Le jour de notre départ, nous quittons donc le Old West Gate Hostel à l’aube pour rejoindre la South Railway Station. Sur le plan, la gare ne semble pas très éloignée de notre quartier, mais c’est sans compter les embouteillages monstres qui sont le lot quotidien de ces grandes villes chinoises. Heureusement, à 6 heures du matin la circulation est encore fluide et notre taxi nous conduit à destination en un temps record. Il nous reste presque 2 heures à tuer avant d’embarquer dans le train.

C’est l’occasion de découvrir cette construction ultra-moderne qui date de l’expo 2010 et qui ressemble davantage au terminal d’un aéroport qu’à une gare ferroviaire. Le bâtiment est parfaitement circulaire et posé comme un chapeau (chinois) au milieu d’un réseau de rampes d’accès et de bretelles d’autoroute. L’intérieur est le reflet de l’extérieur : une nef de dimensions spectaculaires, au centre de laquelle on devine les espaces d’attente et les accès aux trains qui comme dans toutes les gares chinoises ne sont ouverts qu’au moment de l’embarquement.

Vient enfin le moment du départ. Les portes d’embarquement sont ouvertes et nous suivons la petite foule de voyageurs en partance pour Zhanjiang, jusqu’au quai situé un niveau plus bas. Un quai interminable, à l’échelle du train dans lequel nous allons embarquer. Mais d’abord, il nous faut trouver notre voiture, et présenter nos billets au chef de wagon qui attend à l’entrée de celle-ci, sanglé dans son uniforme bleu.

Nous hissons ensuite nos sacs dans le wagon pour découvrir un décor que je connais bien mais qui surprendra celui qui n’a jamais pris un train chinois : le wagon est dépourvu de compartiments, mais divisé en boxes de six couchettes, séparés les uns des autres par de simples cloisons. On appelle ça les « hard sleepers » et c’est la manière la plus économique de voyager en Chine.

Nous avons réservé une couchette inférieure et une couchette supérieure ; la couchette du bas est plus chère mais elle est indispensable pour un voyage au long cours puisqu’elle nous permettra de nous asseoir sans empiéter sur l’espace d’un autre voyageur. Les sacs sont glissés sous la couchette ou hissés sur le porte-bagage qui court sur toute la longeur du wagon, côté couloir. En attendant le départ, je m’assieds sur l’un des deux strapontins qui font face à notre boxe dans le couloir.

A l’heure dite, les hauts parleurs annoncent le départ du train, en égrénant la longue liste des arrêts qui nous séparent de notre destination. Il y en a au moins une trentaine, ce qui finalement est assez peu pour un trajet de presque 2000 kilomètres. Finalement le convoi s’ébranle alors que les derniers voyageurs arrivés en sont encore à caser leurs multiples bagages, cartons et sacs de riz, là où il reste de la place.

Il va falloir trouver de quoi s’occuper durant les trente heures à venir. Regarder le paysage qui défile à travers la fenêtre ? Se plonger dans la lecture ? Tailler une bavette avec les autres voyageurs ? La première option montre vite ses limites, en effet (et c’est malheureux à dire) la campagne chinoise est assez ennuyeuse, voire déprimante ; elle n’a ni la richesse, ni la diversité de la campagne du Vietnam que l’on découvre lorsqu’on voyage en train entre Hanoi et Saigon. La lecture reste un bon passe-temps à condition d’avoir prévu sa provision de romans ; quant à engager la conversation avec nos compagnons de vooyage, ma pratique du chinois ne me le permet pas. Mon épouse en revanche est déjà en grande discussion avec la jeune femme qui occupe la seconde couchette inférieure. D’après ce que j’ai compris, elle s’appelle Zhan et enseigne le chinois à l’Université de Zhanjiang.

Heureusement, la vie à bord de l’express Shanghai – Zhanjiang est ponctuée de petits événements qui viennent rompre la monotonie du voyage. Cela commence avec le chef de wagon qui vient nous voir, peu de temps après le départ, pour récupérer nos billets. Il nous donne en échange une carte de plastique portant le numéro de la couchette que nous conserverons jusqu’à l’arrivée. C’est ensuite le défilé des vendeurs ambulants qui proposent des fruits frais, des boissons ou des magazines (en chinois). Nous aurons droit plus tard au passage du chef de wagon qui vends des gadgets achetés à Shanghai pour arrondir ses fins de mois. Mais c’est déjà l’heure du déjeuner (ou presque). La cantine ambulante fait son premier passage dans le wagon : au menu, riz, légumes sautés et poulet, que l’employé sert dans des emballages en polistyrène, accompagné d’une paire de baguette jetable. Pour ma part, je préfère attendre l’ouverture du wagon restaurant.

Vers midi, les hauts parleurs annoncent enfin (en chinois) le début du service. Nous attrapons nos sacs et commençons à remonter vers la tête du train où se trouve le wagon restaurant. Une balade d’un petit quart d’heure qui nous fait traverser une dizaines de voitures identiques à la notre, sans rencontrer le moindre touriste étranger.

Durant ces longs voyages, le passage au wagon restaurant fait partie d’un rituel incontournable. On y mange à peine mieux qu’avec la cantine ambulante, mais le menu offre davantage de choix, on est servis à table et la traversée du train permet de se dégourdir les jambes. Bref, aucune raison de se priver de ce petit plaisir ; d’autant plus que les prix sont à peu près identiques à ceux d’un restaurant en ville.

Lorsque nous arrivons au wagon restaurant, la moitié des tables sont déjà occupée par des voyageurs ; les autres le sont par les contrôleurs et chef de wagons qui fument une cigarette avant de reprendre le service. Il reste juste une table libre à laquelle nous nous installons. Une nappe en tissu, un petit vase contenant une fleur en plastique, et le serveur qui arrive avec le menu du jour (toujours en chinois, bien sûr). Poulet aux champigons, légumes sautés, soupe ; ce sera le menu de notre premier repas. Avec une bière Tibet, la seule marque de bière que l’on trouve dans les trains chinois. Pour terminer je prendrais bien un café, mais j’ai depuis longtemps renoncé à commander cette boisson dans les rares restaurants qui la servent en Chine. En effet, le plus souvent il s’agit de café instantané et on le paie plus cher que le repas lui-même. J’attendrai donc que nous ayons regagné notre wagon pour préparer un véritable Nescafé grâce à l’eau chaude fournie par les samovars, à l’entrée de chaque wagon.