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Le blog

Shanghai : La cité grise – 18 décembre 2012

À l’instar de Hongkong, ou de Saïgon, Shanghai fait partie de ces villes qui ont forgé l’histoire de l’Asie et que l’on connaît (ou que l’on croit connaître) sans jamais y avoir mis les pieds. En effet, on ne compte plus les films ni les romans qui ont planté leurs décors dans ces cités. Pour certains, Shanghai c’est d’abord Tintin et le Lotus Bleu, la mafia et les fumeries d’opium. Pour d’autres, ce sera Qiu Xialong et les enquêtes de l’inspecteur Chen ; avec ce romancier chinois, exilé aux États-Unis, Shanghai devient plus réelle : le Bund, les quartiers populaires et la fièvre immobilière qui petit à petit grignote le vieux tissu urbain. Mais aujourd’hui, la réalité est encore autre.

Lorsque nous débarquons à l’aéroport international de Shanghai en cette mi-décembre 2012, ce n’est pas notre première visite en Chine. Nous avons déjà passé plusieurs hivers dans la province de Guangdong où réside la famille de ma femme, et nous avons déjà sillonné les mégalopoles de Guangzhou, Beijing, Hongkong, ou Hangzhou. C’est donc un peu blasé que je donne l’adresse de notre hôtel à un chauffeur de taxi qui nous  interpelle avec le traditionnel « qu narli » (où allez-vous) .

S’ensuit alors une petite heure de trajet durant laquelle mon épouse entreprend le chauffeur pour connaître les nouvelles du pays. Et moi, qui regarde le paysage défilant en bordure de l’autoroute et qui ressemble furieusement à Canton : ciel gris, chantiers de construction, voies rapides, autoroutes et bretelles d’accès qui se superposent et s’entrecroisent à 30 mètres du sol. C’est le lot des mégalopoles chinoises.

Old West Gate Hostel

Nous arrivons finalement dans un quartier populaire, miraculeusement préservé, et notre chauffeur nous abandonne à l’entrée d’une rue encombrée par les étals de toutes sortes : vendeurs de fruits ou de légumes, vendeurs de tofu ou de seiches grillées. Mais pour l’heure, ce qui nous empêche d’aller plus loin, c’est surtout ces voitures de pompiers qui remballent leurs tuyaux après avoir éteint le feu dans une maison voisine. Nous constaterons un peu plus tard que l’incendie a épargné de peu l’hôtel où nous avions réservé une chambre.

Old West Gate Hostel Shanghai
Old West Gate Hostel Shanghai

Justement, parlons un peu de cet hôtel. Dans les grandes villes chinoises, il existe deux types d’hôtels pour touristes : d’un côté, les grandes chaînes internationales qui proposent des chambres identiques (et des prix identiques) que l’on soit à New York, à Sydney, ou à Berlin ; de l’autre, des petits hôtels du style Auberge de jeunesse qui pratiquent des prix beaucoup plus raisonnables, avec bien sûr, le confort en moins. C’est naturellement, dans cette seconde catégorie que nous avions fait notre choix. Notez que dans les villes de moindre importance, on peut trouver des hôtels de grand standing à moins de 20 € la chambre, mais dans ces endroits le personnel ne parle pas l’anglais, et à moins de voyager avec un autochtone, vous aurez toutes les peines du monde à vous faire comprendre à la réception.

Avec sa cour intérieure et sa petite terrasse à l’étage, l’Old West Gate Hostel semble plutôt accueillant. Mais sitôt pénétré dans le hall, je comprends que nous avons échoué dans un établissement typiquement chinois. En effet, les portes battantes de l’entrée laissent largement passer l’air froid de la rue et il fait ici à peine plus chaud qu’à l’extérieur. Ce qui ne semble pas déranger la réceptionniste équipée d’une doudoune et d’un bonnet qui nous fait visiter les chambres. Nous la suivons dans un couloir glacial ouvert à tous les vents pour découvrir qu’heureusement les chambres sont équipées d’une clim qui fait office de chauffage en hiver.