Le marché flottant de Cai Be
Lorsqu’on regarde une carte des environs de Vinh Long, on découvre un peu plus au nord, la petite ville de Cai Be qui est située sur un autre bras du Mékong. A vol d’oiseau, une douzaine de kilomètres séparent les deux villes. Mais lorsqu’il s’agit d’aller de l’une à l’autre, on s’aperçoit que la seule solution est de rejoindre la route de Saigon qui traverse le Mékong plus à l’ouest, puis de revenir vers l’est en direction de Cai Be. Soit une quarantaine de kilomètres. A moins d’y aller en bateau ; dans ce cas il faut sans doute contourner l’ile qui sépare les deux bras du fleuve et si la distance se réduit un peu le temps de parcours doit augmenter considérablement.
Comme je n’ai aucune information précise sur la question, je pars flâner sur la rive du fleuve, à proximité des embarcadères. En moins de cinq minutes, je me fais aborder par une autochtone qui me propose une balade en bateau. La femme parle un anglais approximatif, mais suffisant pour me faire l’article ; elle propose une excursion vers le marché flottant de Cai Be, soit quatre heures de bateau. Départ à 6 heures du matin. Prix 20 $. Le prix me semble un peu élevé, mais comparé à ceux pratiqués dans d’autres lieux que nous avons visités, cela reste correct. D’autant plus que ce n’est pas une balade d’une heure mais de quatre. Je marchande un peu pour la forme et nous prenons rendez-vous pour le lendemain.
En revenant vers l’hôtel, je réfléchis à la proposition de la femme. En quatre heures, il est impossible de faire l’aller-retour Cai Be en contournant l’ile située au milieu du fleuve. Il doit y avoir des canaux qui permettent de couper à travers cette langue de terre de quelques kilomètres de large. Mais je n’en saurais pas plus avant d’avoir fait le trajet.
Le lendemain à l’aube, nous nous rendons à notre rendez-vous sur l’embarcadère ; la femme est là qui nous attend. Quelques minutes plus tard, une longue barque à moteur équipé d’une douzaine de sièges accoste. Comme prévu, nous sommes les seuls passagers. Nous embarquons et nous voilà partis.
Contrairement à ce que j’imaginais, notre bateau repart vers l’est dans le sens du courant. Puis, après une vingtaine de minutes, il s’engage dans un canal qui file vers le nord. Comme je n’ai pas emporté de carte je suis un peu désorienté, mais je suis persuadé qu’une fois rentrée à l’hôtel je reconstituerai facilement notre parcours. Pour le moment, je ne me préoccupe plus de notre itinéraire, je regarde le paysage qui défile sous nos yeux. Une heure durant, nous remontons ce canal rectiligne pour déboucher finalement sur un plan d’eau beaucoup plus vaste où notre barque est ballotée par le clapot. Comme je le comprendrai en consultant une carte, de retour à notre hôtel, nous avons traversé du sud au nord, l’île qui sépare les deux bras du Mékong. Reste à traverser ce second bras pour rejoindre Cai Be qui se trouve à l’opposé de l’endroit où je l’attendais.
Qu’importe, lorsque nous arrivons à proximité de Cai Be, je reconnais l’endroit. Même si nous n’étions pas arrivés par le fleuve la première fois que nous avons visité ce marché flottant. Et puis Cai Be est sans doute le seul endroit dans le delta du Mékong, où l’on peut voir une église construite sur le bord de la rivière.
Notre barque remonte la rivière au ralenti, entre les bateaux des marchands qui ont jeté l’ancre. Malgré l’heure matinale, ce n’est pas la grosse affluence. Nous remontons le marché flottant jusqu’au centre de la ville, puis notre pilote s’engage dans un petit canal sur la droite. Sans une explication il accoste un petit ponton et nous invite à débarquer.
Il nous conduit dans une boutique pour touristes où l’on vend du miel et des produits d’artisanat que l’on trouve partout ailleurs : foulards, boîtes en bambou, couverts en bois de cocotiers, etc. Aucun intérêt. Nous pressons notre pilote de rembarquer et nous prenons lentement le chemin du retour.
Une fois sortis de Cai Be, notre pilote récidive en se préparant à accoster à un autre petit ponton. Comme il s’agit sans doute d’une autre boutique pour touristes, nous déclinons l’offre poliment.
Pour le retour, nous empruntons visiblement un autre itinéraire que j’ai du mal à suivre ; après avoir suivi pendant un moment ce second bras du Mékong, nous nous engageons dans un petit canal à droite. Ce n’est pas le grand canal rectiligne que nous avons emprunté à l’aller, mais un petit canal qui serpente dans la campagne. Un petit canal qui, après une heure de navigation, nous ramène au canal principal. Et là, nous avons droit à une nouvelle halte, difficile à refuser sans vexer notre pilote. Nous débarquons une nouvelle fois pour découvrir un pépiniériste, un Truffaut version local, qui propose également des dégustations de fruits. C’est l’endroit rêvé pour celui qui veut créer son jardin tropical. On y découvre des jeunes plants d’arbres à pomelos, des mangoustaniers, des manguiers, et bien sûr cette sorte de cactus qui produit le fruit du dragon. Malheureusement, il n’est pas question de rapporter ces plantes par avion. Après un quart d’heure de balade entre les plantes en pots, nous rembarquons pour la dernière partie du trajet qui nous ramène à l’embarcadère de Vinh Long.
Cai Be est célèbre pour son marché flottant du matin, où les habitants vendent leurs produits au milieu du Mékong, échangeant des marchandises de leurs canots pneumatiques. Il s’agit l’un des trois plus grand marché du Delta du Mékong, proposant des articles divers, de fruits de mer aux objets ménagers, boissons, etc. Un site à ne pas manquer au delta du mékong.