J’aime La Poste !

A l’heure d’Internet, des réseaux et du haut-débit généralisé, la poste reste encore indispensable lorsqu’on vit à l’étranger ; ne serait-ce que pour envoyer une carte postale à sa vieille mère, le règlement d’une facture ou faire réexpédier son courrier.

A Zhanjiang, le bureau de poste le plus proche est à dix minutes à pied de chez nous. Il est installé dans un vieux bâtiment des années 30 qui a sans doute connu des jours meilleurs. Mais peu importe, chaque fois que je m’y rends, je retrouve la même employée qui me gratifie de son immense sourire dès qu’elle me voit arriver. Je n’y viens pas souvent, une ou deux fois par mois, mais la plupart du temps c’est pour expédier du courrier par EMS (le Chronopost chinois). L’envoi coute une trentaine d’euros (225 Yuans) et c’est la seule façon de s’assurer que le courrier arrivera bien à destination en une semaine.

J’ai d’abord pensé qu’elle avait été séduite par mon charme de quinqua grisonnant puis j’ai compris que, comme en France, elle gagnait davantage en vendant un Chronopost International à 225 Yuans plutôt qu’une simple lettre par avion à moins de 10 Yuans (1,5 €). Elle ne parle pas un mot d’anglais, et encore moins de français, mais elle lit les les caractères latins, et comme le formulaire d’envois est en chinois et en anglais, ça ne pose pas de problème particulier. Sauf lors de mon premier envoi quand elle m’a demandé « dian hua hao ma ? ». J’ai compris « le téléphone est bon ? ». En fait, elle me demandait un numéro de téléphone pour compléter le formulaire. Ce que j’ai réalisé plus tard, lorsque ma femme m’a expliqué que « numéro » se prononçait « hao » comme « bon » en chinois.

Des lettres au prix du caviar

Côté France, ce n’est pas gagné, et c’est pour cette raison que j’ai intitulé ce billet « J’aime La Poste ! ». En effet, avant notre départ nous avons souscrit un ordre de réexpédition pour ma société et un autre pour la famille (ma femme et moi), et comme je n’avais pas lu en détail les différentes clauses du contrat, j’ai eu la surprise de découvrir que La Poste ne réexpédiait pas les colis : qu’il s’agisse d’un livre commandé sur Amazon, ou des exemplaires auteur d’un livre que vous venez de publier chez un éditeur, c’est NIET « pou keyi » comme on dit ici. Et vous ne serez même pas averti qu’un envoi a été bloqué. Quand on sait que La Poste demande plus de 300 € pour ces réexpéditions, même si il s’agit de 10 lettres par mois, on s’aperçoit que l’on paie ce service au prix du caviar. Merci, La Poste.

Réexpédition en ligne

Récemment, j’ai du renouveler nos contrats de réexpédition. En théorie, pas de problèmes, grâce aux services en ligne de La Poste, l’opération doit se faire en un tournemain. C’était sans compter les subtilités de ce service publique qui, décidément, n’est pas encore prêt pour le numérique. Merci La Poste.

Vous souscrivez un nouveau contrat de réexpédition de courrier pour votre entreprise, et après avoir complété les différentes sections du formulaire, vous découvrez qu’on vous demande de confirmer qu’il y aura bien quelqu’un au siège de l’entreprise pour recevoir le courrier recommandé nécessaire pour activer la réexpédition. C’est intelligent, en particulier lorsqu’il s’agit d’une EURL dont l’associé unique est précisément parti à l’étranger ! Merci La Poste.

Naturellement, si vous pouvez vous arranger avec un voisin, le facteur et une procuration, vous pourrez toujours vous en sortir. Mais encore une fois, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Quand vient le moment de régler votre commande, vous découvrez que les seuls moyens de paiement acceptés sont les cartes de crédit et les virements. A priori, encore une fois rien à redire ; sauf si votre mobile choisit de tomber en panne à cet instant précis, vous empêchant de recevoir le code de validation du paiement envoyé par votre banque. A ce moment-là, vous avez envie de tout envoyer balader pour ne plus communiquer qu’avec des signaux de fumée. Merci La Poste.

Heureusement, dans sa grande sagesse, La Poste vous propose aussi de payer par virement, une option qui n’est disponible que pour les clients professionnels (on s demande pourquoi?). Toutefois, si vous optez pour cette solution, il faudra encore, après validation de la commande, envoyer par courrier une autorisation de prélèvement. Pour cette opération, vous utiliserez un autre service en ligne, celui du courrier en ligne qui, il faut le reconnaître, ne fonctionne pas trop mal depuis l’étranger, à condition d’avoir une adresse française valide et d’utiliser un VPN (virtual private network) !

Attendez, ce n’est pas fini. Reste à souscrire votre nouveau contrat de réexpédition de courrier personnel. Eh, oui ; même si vous ne recevez que trois lettres par mois, La Poste n’accepte pas de réexpédier votre courrier avec celui de votre entreprise. Vous devez donc vous rendre dans la boutique Particuliers ; attention, vous ne pourrez pas y accéder avec les identifiants utilisés pour la Boutique Pro. Merci La Poste.

Si vous êtes comme moi, victime d’une panne de mobile qui vous empêche de recevoir le code de validation de paiement de votre banque, autant le dire tout de suite, c’est cuit. A moins de trouver une personne de confiance qui acceptera de souscrire en ligne un contrat à votre nom et de régler le montant de la facture. Mais il faudra tout de même trouver quelqu’un sur place pour recevoir le courrier de validation nécessaire pour activer la réexpédition. Dans l’attente d’une solution, vous avez ajouté le produit au panier afin de ne pas avoir à remplir de nouveau le formulaire lors de votre prochaine connexion. Peine perdue, La Poste ne conserve le contenu d’un panier que le temps d’une session. Merci La Poste.

Paypal ? Connais pas !

Comme vous l’aurez compris, La Poste n’est pas encore au top pour ses services en ligne, en particulier pour ce qui concerne les services de réexpédition. Mais il ne faudrait pas grand-chose pour les améliorer : intégrer Paypal comme moyen de paiement, supprimer quelques options stupides (comme celle qui vous demande d’être présent dans votre entreprise, alors que vous êtes déjà parti…), et surtout fusionner les boutiques et les comptes utilisateur. En effet, à l’heure actuelle si vous souhaitez utiliser le service Colissimo pour expédier les commandes de votre boutique en ligne, vous devez créer un compte sur le site Colissimo.fr ; si vous souhaitez envoyer un recommandé pour votre compte personnel, vous devrez utiliser le site de la Boutique de La Poste pour les particuliers. En revanche, si c’est un recommandé pour votre entreprise, vous devez utilisez la boutique Pro. Naturellement, tous ces comptes demandent des identifiants différents et il n’est pas question de vous connecter à l’un avec les identifiants de l’autre. Merci La Poste.