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Le blog

Chronique de Zhanjiang 40

Opération « crêpes » au 21 Dade Lu

Lors de notre récent voyage en Bretagne, ma femme s’est découvert une véritable passion pour les crêpes. Si bien que dès notre retour à Zhanjiang elle a émis l’idée d’en préparer à la maison. En France, je lui aurais dit « pas de problèmes », je serais descendu au supermarché pour acheter des œufs, du lait, de la farine, du fromage râpé et quelques tranches de jambon, et j’aurais préparé la pâte à crêpes dans l’après-midi afin qu’elle ait le temps de reposer.

En chine, c’est un peu plus compliqué. On trouve bien sûr le lait, la farine et les œufs dans n’importe quel commerce ; en revanche, pour ce qui est du fromage râpé et du jambon, ce n’est pas gagné. J’ai donc envoyé ma femme en reconnaissance au Walmart, le supermarché de Nan Qiao dans lequel on trouve de nombreux produits importés, du beurre néo-zélandais, des Vache qui rit, du vin français, australien ou chilien, etc. Elle en est revenu avec de la mozzarella râpée mais point de jambon. Même pas des tranches de bacon.

Moi qui rêvait déjà d’une crêpe complète, comme celle que nous avions mangée la veille de notre retour, j’ai été un peu déçu. A défaut de jambon, j’ai suggéré du porc roti et tranché en fines lamelles, comme on en trouve dans de petites échoppes sur les marchés. Proposition adoptée à l’unanimité.

Il a encore fallu dégoter un fouet car cet ustensile est encore peu courant dans les foyers chinois, et puis, j’allais oublier l’essentiel, acheter des couteaux et des fourchettes. Pour les assiettes, j’avais déjà offert à ma belle-mère un service de 5 assiettes, l’année où j’avais apporté du foie gras que j’avais préparé poelé. J’avais aussi acheté les couverts, mais 7 ans plus tard, ceux-ci avaient mal vieilli ; et c’est pourquoi ma femme est revenue du supermarché avec toutes ses emplettes et une note de 100 Yuans (14 €).

Arrivé au stade de la préparation de la pâte, j’ai déniché une recette de pâte à crêpes salée sur le Web et j’ai délégué les pleins pouvoirs à mon épouse. En effet, même si elle n’a jamais préparé de pâte à crêpes, elle maîtrise assez bien la cuisine française pour se lancer dans une préparation qu’elle connaît pas, et surtout, elle connaît beaucoup mieux l’appartement de ma belle-mère. A l’heure du dîner, j’ai rejoint mon épouse et sa mère à l’appartement, une bouteille de cidre à la main, prêt à officier.

Au fourneau

Quand on a fait des crêpes en famille pour la Chandeleur ou d’autres occasions durant des années, c’est une pratique qu’on oublie pas (comme le vélo). Lorsque j’arrive à l’appartement, la poêle est sur le feu, et déjà chaude. J’y verse un peu d’huile, attends quelques instants et prend une première louche de pâte que je verse dans la poêle. Je n’ai pas perdu la main ; je complète avec un peu de pâte et repose la poêle sur le feu, en expliquant à mon épouse et sa mère que la première crêpe est toujours ratée.

Arrive le moment de faire sauter cette première crêpe ; un moment que je remets à plus tard et je retourne la crêpe à l’aide d’une paire de baguettes et une spatule en bois. Quelques minutes plus tard, je fais glisser cette crêpe test dans une assiette, et je goûte avec les doigts, imité par mon épouse et sa mère. Le résultat est plutôt sympathique, bien entendu ce n’est pas de la farine de blé noir, mais la pâte est suffisamment salée et me convient bien. Elle semble aussi convenir à ma belle-mère qui liquide cette crêpe-test pendant que je prépare une seconde crêpe..

Comme toujours, la crêpe qui suit la crêpe-test est parfaite ; je la retourne en la faisant sauter sous le regard ébahi de mon petit public. Je casse un œuf sur la crêpe et mélange le jaune et le blanc à l’aide d’une paire de baguette, puis j’ajoute la mozzarella râpée. Ça commence à ressembler à quelques chose. Je disperse quelques lamelles de porc roti et je referme la crêpe en rabattant ses côtés au centre. Quelques secondes plus tard, je fais glisser cette crêpe dans l’assiette de ma belle-mère, en ajoutant « sello, sello » qui, dans le dialecte local, signifie « manges, manges ».

Rien à faire ; ma belle-mère attendra que j’ai terminé de préparer les deux autres crêpes pour commencer à manger la sienne. Sa crêpe doit être tout juste tiède, mais elle apprécie. Au point de me demander de préparer deux autres crêpes pour son assistante qu’il l’attend à l’hôpital. Je en sais pas si l’assistante a apprécié ma cuisine mais ma belle-mère, oui. Du coup, chaque dimanche, je me retrouve devant les fourneaux pour préparer les crêpes dominicales.