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Le blog

Shanghai : Sur les traces de l’inspecteur Chen- 19 décembre 2012

A moins de venir en voyage organisé et de fréquenter les grandes hôtels et les restaurants pour touristes fortunés, en hiver il ne fait pas chaud en Chine (même dans le sud du pays). Lorsque la température flirte avec le 0, on cherche naturellement un endroit chauffé pour se restaurer.

À proximité de notre hôtel, Pendai Street offre quelques boutiques de nouilles et restaurants locaux dont les portes grandes ouvertes sont autant d’invitations à découvrir la gastronomie locale. À condition d’être bien couvert, car il y fait souvent à peine plus chaud que dans la rue. Et comme nous voyageons léger en direction de contrées plus tempérées, nous sommes partis avec une garde-robe minimum. Nous partons donc à pied sur l’une de ces grandes avenues qui convergent vers le centre dans l’espoir d’y trouver un endroit plus confortable pour nous restaurer.

A quelques centaines de mètres de notre hôtel, les néons d’un centre commercial nous font de l’oeil. Il s’agit de l’une de ces innombrables galeries marchandes qui ont fleuri dans les grandes villes chinoises durant la dernière décennie : quatre ou cinq étages de boutiques de marques dont la moitié ne sont pas encore ouvertes (et dont certaines n’ouvriron jamais). Avec un peu de chance, nous y trouverons quelques restaurants au dernier étage.

Effectivement, le vigile qui fait les cents pas dans la galerie déserte nous le confirme, et nous découvrons ce restaurant en haut de la dernière volée d’escalier mécanique. Nappes blanches, verres à pied et serveurs en smoking, sans oublier l’hôtesse qui accueille les clients, drapée dans sa robe fourreau rouge, fendue jusqu’en haut des cuisses, et perchée sur ses talons aiguilles.

Pour avoir déjà fréquenté des endroits similaires, nous ne nous laissons pas impressionner par le décorum. Surtout pas par cette hôtesse que l’on rencontre à l’identique à l’entrée de tous les restaurants de Pékin à Kunming. Elle sera plus ou moins jolie et plus ou moins bien habillée selon le standing du restaurant, mais sa mission reste la même : attirer les clients dans l’établissement. Et c’est tout. Pas question de lui proposer la bagatelle, à moins de vouloir vraiment rencontrer les hommes de la sécurité intérieure.

Menu en chinois, cuisine traditionnel ordinaire, l’endroit n’a aucun attrait particulier, si ce n’est de proposer un cadre douillet où l’on n’est pas obligé de conserver écharpe, bonnet et gants durant le repas.

En route vers le Bund

Le lendemain, nous partons à la découverte de cette ville qui fait tant rêver. À pied, bien entendu, le long de cette grande avenue que nous avons arpentée la veille au soir, dans notre quête d’un restaurant. Direction le Bund ; cette promenade le long du fleuve que Qiu Xialong décrit dans plusieurs de ses romans, comme l’un des endroits le plus animé de la ville. Si l’on se fie au plan, nous n’en sommes pas très loin ; peut-être une demi-heure à pied. C’est-à-dire, tout de même 2 ou 3 kilomètres, mais un saut de puce à l’échelle de la ville.

Naviguant à vue, nous arrivons enfin à proximité du fleuve, le Hangpu. Il suffit ensuite de suivre la berge vers le Nord pour tomber sur le Bund. Et c’est ainsi qu’en cette fin de matinée de décembre, nous découvrons la fameuse promenade, balayée par un vent glacial, et sinistre à souhait. En fait, sinistre n’est pas le qualificatif approprié. Imaginez plutôt une esplanade de béton, large comme une avenue, collée le long de la berge. C’est un espace piéton, bien sûr, et l’on y flâne en couple ou en famille. On s’y prend en photo, adossé à la balustrade qui surplombe le fleuve, avec en arrière-plan les buildings de la rive opposée, dont la célèbre tour de la télévision.

Sur le Bund à Shanghaï.
Sur le Bund à Shanghaï. (Photo Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0)

A cette distance, le Hangpu semble inaccessible, et c’est dommage car le trafic y est intense : les convois de barges chargées jusqu’au plat-bord de sable ou de cailloux, croisent les petits cargos et les caboteurs. Et les ferries qui permettent aux piétons de traverser le fleuve ont toutes les peines du monde à transporter leurs passagers d’une rive à l’autre. On est bien loin du Mékong, ou de la Chao Praya qui est au cœur de la vie de Bangkok.

Nous avons vu le Bund et nous n’y reviendrons pas. Déçus, nous quittons la rive du fleuve et nous engageons au hasard dans une artère transversale qui devrait nous ramener vers Henan South Road. Et là, nous tombons par hasard sur Nanjing Street, une des rues commerçantes où l’inspecteur Chen aiment aller faire ses courses. Tout espoir n’est donc pas perdu puisque nous devrions trouver à proximité le grand magasin N°1 où travaillait l’employée modèle du roman Mort d’une héroïne rouge, et avec un peu chance, plus loin, la place du peuple. C’est promis, nous y reviendrons le lendemain.