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Le blog

Zhanjiang – 2 Janvier 2013

Un mariage à Zhanjiang

Si nous revenons à Zhanjiang cet hiver, c’est bien sûr pour voir la famille de mon épouse, mais c’est aussi pour assister au mariage de son frère Wan Jiang. Mariage qui aura lieu dans quelques jours, à l’endroit même où nous nous sommes mariés quelques années auparavant. Au-delà de cette répétition, ce sera pour nous l’occasion de savourer le menu de quinze plats qui a été prévu pour l’événement et que nous avions à peine eu le temps de gouter lors de notre propre mariage.

Durant les quelques jours qui nous séparent de la noce, ma femme s’active avec ma belle-mère. Il faut en effet trouver les friandises qu’on offrira aux invités lors de leur arrivée au restaurant, puis préparer les sachets de tule rouge contenant les dites friandises. Il faut ensuite acheter les cigarettes et l’alcool de riz que l’on proposera à ces mêmes invités. Il faut enfin établir les plans des tables, sachant qu’il y aura plus de 200 invités, que la famille compte plus de 50 personnes et que seules 20 personnes pourront prendre place aux deux tables d’honneur sous le feu des projecteurs.

Un casse-tête auquel je ne participe pas. D’abord parce que je ne parle pas chinois, ensuite parce que je connais rien aux ordres de préséance, enfin parce que je suis cloitré dans la chambre d’hôtel avec un rhume carabiné qui ne sera terrassé que grâce à la médecine chinoise, quelques heures avant le repas de mariage. Heureusement, j’ai eu le temps de rencontrer ma future belle-sœur avant le mariage. D’abord lors d’un déjeuner un peu formel dans un restaurant de la ville, ensuite lors d’un diner plus décontracté dans l’appartement de ma belle-mère.

Le jour J, nous nous retrouvons au « Big Nature », un grand restaurant de la ville, qui accueille chaque jour 4 ou 5 banquets de mariage. A cinq heures du soir, lorsque le taxi nous dépose devant l’établissement, les mariés sont déjà en place pour accueillir leurs invités. À côté du couple, le garçon et la dame d’honneur tiennent un plateau de friandises et de cigarettes qu’ils offrent aux invités.

Cette fois, je suis de l’autre côté de la scène et je mitraille le couple et les invités qui arrivent lentement. Chacun d’entre eux remets la « hong bao », l’enveloppe rouge, aux jeunes mariés. Cette enveloppe contient un nombre variable de billets qui constitue le cadeau de mariage et serviront accessoirement à régler la note du restaurant. Je retrouve des têtes connues qui étaient présentes à notre mariage : « san gu », la tante n°3, qui joue le rôle de chef de famille depuis que la grand-mère a disparu, un des cousins de ma femme et un de ses oncles, avec lesquels, malgré la barrière de la langue, je partage une certaine complicité.

Les jeunes mariés restent ainsi une petite heure à accueillir les nouveaux arrivants et à attendre les retardataires. Pendant ce temps les autres invités remplissent progressivement la salle du banquet située à l’étage : une vingtaine de tables rondes de dix personnes, avec au fond, une petite estrade sur laquelle sont installées les deux tables d’honneur. C’est ici que nous prendrons place, en compagnie des mariés, des parents des mariés et des membres « les plus importants » de la famille.

Enfin, un employé du restaurant vêtu d’un strict costume noir, donne le signal du départ ; au son de la Marche triomphale, les jeunes mariés font leur entrée dans la salle de réception, mitraillés de toutes parts par une multitude d’appareils photos. Ils rejoignent ensuite le maître de cérémonie qui s’est installé au centre de l’estrade, un micro à la main. Et c’est le début d’un rituel bien rodé que nous avons vécu cinq ans plus tôt. Après un petit speech du présentateur auquel je ne comprends pas un traître mot, les mariés reçoivent le traditionnel poster des bébés jumeaux (nous avons reçu le même, tout comme les oncles de mon épouse qui sont mariés vingt ans plus tôt).

C’est ensuite le partage symbolique de la pièce montée, puis le remplissage de la pyramide de verres ; Wan Jiang secoue la bouteille de mousseux avant de la déboucher laborieusement, puis rempli les verres situés au sommet de la pyramide. Enfin, après un baiser de cinéma pour les photographes, le repas peut commencer. Nous prenons place à l’une des tables d’honneur, en compagnie de la tante n°3, des parents de la mariée et d’un oncle de mon épouse, en espérant cette fois profiter du repas que nous avons loupé lors de notre mariage. Il va falloir faire vite. En effet, dans une ronde endiablée, les serveurs et serveuses apportent les quinze plats qui viennent rapidement encombrer le centre de la table : soupe d’estomacs de poissons, grosses crevettes, couenne de porc sauté, et autant d’autres mets que je suis incapable d’identifier. Pour accompagner le repas, nous avions apporté deux bouteilles de vins français que je pensais suffisantes pour notre table. Hélas, je n’avais pas prévu que ma belle-mère en offrirait une à un groupe d’amis qui occupe une table d’invités. Je n’avais pas prévu non plus qu’il faudrait partager la bouteille restante entre les deux tables d’honneur, ni que la tante n°3 commençait à apprécier le vin français. Résultat, nous nous retrouvons à partager une demi-bouteille de Bordeaux à 10. Ce qui finalement ne laisse pas grand-chose dans chaque verre.

Les mariés qui ont fait une brève apparition à notre table sont déjà repartis ; comme c’est la tradition, ils doivent en effet faire le tour des tables et trinquer avec tous les invités. Le temps d’effectuer ce parcours et c’est déjà la fin du banquet. Les premiers invités partent et il faut les remercier. Nous les retrouvons donc à l’entrée de la salle qui se vide peu à peu. Le repas aura duré à peine plus d’une heure. Mais c’est normal ; en Chine on ne s’attarde pas autour de la table lorsque les plats sont vides et quand on a décidé de partir, on ne s’éternise pas en papotage.

Une dernière série de photos de famille, avec la famille « réduite », on ramasse les restes dans des doggy-bags et nous quittons la salle alors que les employés du restaurant sont déjà à pied d’œuvre pour le nettoyage. Sur le parking du restaurant, je retrouve mon ami  PinJin le chauffeur qui nous avait conduit au restaurant lors de notre mariage et qui ce soir nous ramènera à l’hôtel.